Premier Président de la République Serbe de Bosnie, lorsque la Yougoslavie a adopté un système fédéral suite à l’éclatement de l’URSS, Radovan Karadzic, ancien psychiatre, ancien préparateur mental du FK Sarajevo puis, en juillet 1990, cofondateur du Parti Démocrate Serbe, nationaliste et revendiqué comme tel, vient d’arriver sur l’île de Wight où il purgera sa peine de prison à perpétuité.
Fidèle serviteur de Slobodan Milosevic, l’ancien leader serbe décédé à la prison de la Haye en 2006, Karadzic fut le principal organisateur du génocide des Bosniaques et Croates qui fit 33 000 victimes, dont plus de 8 000 lors du seul massacre de Srebrenica, en juillet 1995. Inculpé quelques mois plus tard par le Tribunal Pénal International pour l’ex-Yougoslavie, arrêté en 2008, déclaré coupable de génocide, de crimes de guerre et de crime contre l’humanité en 2016, il a d’abord été condamné à 40 ans de prison. Sentence commuée en emprisonnement à perpétuité après son appel, définitivement perdu le 20 mars 2019.
Jusqu’alors détenu aux Pays-Bas, l’ancien politicien âgé de 75 ans est arrivé hier, dimanche 30 mai, à la prison de Parkhurst sur l’île de Wight où il purgera le reste de sa peine. Quelques jours auparavant, le ministre des Affaires Étrangères du Royaume-Uni, Dominic Raab, s’était contenté d’un communiqué pour marquer l’événement, déclarant : « Nous devons être fiers que la Grande-Bretagne ait soutenu 30 ans durant, de la participation à son arrestation jusqu’à la cellule qui l’attend, la quête de justice pour ces crimes odieux. »
La fille du « Boucher de la Bosnie », comme il est couramment surnommé, s’est plainte de ce transfert auprès de la presse, affirmant que « [Son] père est dans une situation très brutale (« very uncivilised », en VO, NdlR) et, du point de vue de sa famille, son déplacement dans le sud de l’Angleterre est un acte délibéré pour nous tenir éloignés de lui, dans la violation des règles des Nations Unies adoptées par le Conseil de Sécurité. Ce sera difficile pour nous, physiquement, financièrement et d’un simple point de vue procédural, en raison des visas et de la quarantaine en vigueur durant la pandémie, et même après cela, de lui rendre visite. »
Elle accuse également les autorités de lui avoir confisqué ses livres et son ordinateur, et de le détenir dans un bâtiment « rempli d’amiante ».
Le Ministre de la Justice, par la voix d’un porte-parole, s’est contenté de répondre que « les prisons du Royaume-Uni suivent tous les standards de santé et de sécurité. »
Certaines nuits sont plus noires que d’autres.