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Cher journal,

depuis mon dernier message, la révolte se poursuit en Iran. L’on veut continuer à y croire. De son côté, Han Lay, la « Miss Grand » de Birmanie dont je te parlais alors, et qui avait dénoncé en direct, à ce concours de beauté international, les pratiques de la junte au pouvoir dans son pays, semble trouver ses marques au Canada, où elle a dû s’exiler. Elle en dit un peu plus sur ses projets comme son présent dans cet entretien à La Presse, le quotidien québécois.

Sinon, je chante la nuit. Je n’y peux rien. c’est à cause de cette vidéo, produite par le parti communiste japonais. C’était en 2019, à l’occasion de son anniversaire, mais je viens tout juste de la découvrir, sur Twitter —car je vais encore sur Twitter, mais plus pour longtemps, je te le promets.

Le marxisme-léninisme, quand c’est pop et sucré, ça passe mieux ? À toi de voir, cher Journal !

Sinon, ce mois-ci, te voici donc décoré aux couleurs de la Macédoine du Nord. Est-ce à cause de mon coup de cœur bien réel pour Tose Proeski, le crooner rebelle, immense star de Prilep, tragiquement décédé à 26 ans ? Ou de mon autre amour, pour les fresques médiévales, superbes et nombreuses, qu’héberge ce pays des Balkans, du monastère Marko à la cathédrale Sainte-Sophie d’Ohrid ?

Non, si je voyage à Skopje ce mois-ci, au moins par l’esprit, c’est parce que je me suis récemment rendue compte que je ne connaissais pas du tout cet état au passé, disons, perturbé.

Tout a commencé quand j’ai appris que le gouvernement de coalition avait interdit cet automne les clubs et associations culturelles faisant l’éloge du roi Boris III de Bulgarie, voire de la Bulagire tout court.

Mais pourquoi diable ? Eh bien, Boris III, vois-tu, a accepté en 1941 d’annexer la Macédoine du Nord, alors conquise par les nazis, pour l’administrer au nom de l’Axe.

Et puis, les nationalistes bulgares (ou pro-bulgares, donc), considèrent au fond que le territoire devrait leur revenir : n’était-il pas le centre du royaume, sous le règne du roi Samuel… au tout début du XI° siècle ? 

Ces souvenirs douloureux expliquent les relations difficiles entre les deux pays. Et, notamment, le veto constant posé par la Bulgarie à l’entrée de la Macédoine du nord dans l’Union Européenne.

En juin dernier, le gouvernement bulgare a même explosé sur cette question. Le premier ministre, Kiril Petkov, a annoncé songer à lever ce veto, sous pression constante des autres pays de l’UE. Cette simple possibilité a poussé son partenaire de coalition, Slavi Trifonov, un chanteur, producteur et animateur de télévision devenu homme politique en 2020, en créant le parti « Il y a un Tel Peuple », à quitter le gouvernement, provoquant des élections législatives anticipées.

Anticorruption, antisystème et antivax, le chanteur l’a payé cher, passant de 25 à 0 députés aux élections d’octobre 2022. « Nous continuons le changement »,  le parti de Petkov, est lui arrivé deuxième. En tête, le centre-droit, dépourvu cependant de majorité, n’est pas parvenu à rassembler une coalition suffisante pour prendre le pouvoir. « Nous Continuons le changement », et ses partenaires, vient donc d’annoncer le nom du nouveau premier ministre, issu de ses rangs : ce sera l’ancien ministre de l’éducation, Nikolai Denkov. 

Il est par ailleurs enseignant-chercheur en chimie. Une formation qui pourrait s’avérer utile vu le contexte. Et pour s’attaquer au gros dossier qui l’attend : la négociation, pour se débarrasser des importations russes, d’un partenariat énergétique avec… la Bulgarie.

Plus que jamais : paix sur Terre… aux hommes de bonne volonté.

La Voix du VIP