Quand le Canada et l’État américain du Michigan ont légalisé l’usage récréatif de la marijuana, il y a quelques mois, les traders se sont rués sur les « cannactions ». Ainsi, le titre de Canopy Growth, producteur et distributeur basé à Ontario, a bondi de 446 % en un an ! Mais le canna-business est-il vraiment un placement en or ? C’est l’instant « Conseils économiques pour boursicoteurs en herbe » de PostAp, nourri par les experts Business Insider, et les premières analyses de marché rédigées par Jefferies, une banque d’investissement à Wall Street.
Et sans surprise, le WEED (nom du titre de Canopy Growth sur le Toronto Stock Exchange) est définitivement une valeur sûre. Sous contrat avec les gouvernements provinciaux du Canada, le groupe exporte aussi en Allemagne, où le cannabis thérapeutique est autorisé depuis 2017. « Canopy, avec Aurora, sont les mieux placés pour dominer la marché global dans les années à venir », écrivent les analystes de Jefferies. Aurora, c’est LE bon plan(t). Cotée à Wall Street depuis l’année dernière, l’action a récemment devancé Apple sur Robinhood, une appli de trading prisée des millennials, après l’annonce d’un partenariat avec Coca-Cola pour des sodas au cannabiniol.
Avec une capitalisation boursière de 7,5 milliards de dollars, l’opérateur de Vancouver prévoit de produire 500 tonnes de marijuana par an l’année prochaine. Disons que c’est là qu’il faut placer son argent sans trop prendre de risques : la hausse estimée pourrait être de 31 % dans les 12 mois à venir.
Comme la loi fédérale bannit toujours l’herbe aux États-Unis, les entreprises canadiennes ont pris une bonne longueur d’avance en ouvrant leur capital aux investisseurs. Et comme rien n’est plus facile que de faire pousser cet or vert, de sérieux challengers arrivent aussi sur ce marché florissant. CAnnTrust, par exemple, qui vend maintenant au Danemark, « devrait logiquement croitre cette année ». Idem pour Flowr Corp, fondée en 2016, récemment entrée à Wall Street et scrutée de près parmi les potentiels acteur de premier plan.
Les banques s’avérant encore frileuses pour investir sur un produit controversé, toutes ces firmes financent largement leur expansion en vendant des actions. Un paquet d’actions. Mais tabernak ! Que faire de tout ce fric ? Las, Cronos, « un opérateur solide » dans lequel Altria (Malboro) vient d’injecter 1,8 milliard de dollars, a perdu de son attrait, estime Jefferies, « au vu du peu d’appétit à court terme pour utiliser [cet] argent ». Les experts tablent ainsi sur une baisse de 40 % de la valeur : « Dans ce contexte, nous pensons que le marché s’est un peu emballé ». Autant dire qu’on n’est pas loin de la bulle.
En septembre, Tilray, un autre leader du canna-business, affichait une capitalisation boursière de 28 milliards de dollars alors que son chiffre d’affaires n’était que de 28 millions. Un pétard mouillé ? Le secteur a dégonflé en décembre et Tilray a perdu la moitié de sa valeur. Mais début février, le cours des principales « cannactions » s’est resaissi. Moralité : si les investisseurs semblent confiants dans les perspectives de l’industrie du cannabis et du chanvre, les spécialistes mettent en garde contre une volatilité certaine sur un marché naissant.
Moralité (moralisatrice, elle) : comme il convient de ne pas prendre de médicaments sans en référer à son médecin, n’investissez pas dans le cannabis sans en référer à votre banquier, ne serait-ce que pour vérifier ce qu’en dit la loi en application chez vous ! Et si vous voulez continuer à vous regarder dans le miroir, privilégiez le cannabis thérapeutique, qui a l’avantage de ne pas tuer ni déclencher de psychoses (à l’inverse du spliff traditionnel… Et de la vie quotidienne en 2019, bien entendu) !