Bienvenue au Palawan
C’est un archipel de 15 000 kilomètres carrés des Philippines, sur lequel vivent 800 000 habitants, dont 40 000 autochtones chasseurs-cueilleurs. C’est sous leur terre à eux que reposent on ne sait combien de tonnes de nickel, exploitées par la Rio Tuba Mining Corporation.
Si certaines associations se sont battues, et se battent encore, pour mettre un terme à l’exploitation pure et simple du minerai si utile à nos chères batteries d’ordinateurs et téléphones, c’est sur un compromis que repose pour l’instant son extraction : dans un monde où cette idée ne va pas toujours de soi, les industries sont tenues de verser des royalties aux tribus qui en sont, de fait, les propriétaires légales : 1 % du revenu total brut.
C’est peu en pourcentage, mais ça peut représenter des sommes considérables, et financer des études, des familles. À condition que les pesos philippins arrivent dans les bonnes caisses, ce dont doutent plusieurs « organisations de la société civile » locales, regroupées dans la coalition Bantay Kita autour d’un seul but : la transparence et la traçabilité des comptes. Il faut dire que le système mis en place n’est pas complètement orienté vers la simplicité.
Déjà, relève Bantay Kita, parce que certains revenus sont déclarés annuellement, d’autres par trimestre. Mais surtout, et c’est un peu plus gênant, parce qu’ils ne sont communiqués qu’aux directeurs des organisations de populations autochtones, qui n’ont pas le droit de répercuter ces informations à qui que ce soit (et ils sont bien encadrés, comme en témoigne le guide à leur destination édicté par le cabinet juridique Baker McKenzie) :
La transparence pour tous
Pour couronner le tout, la taxe de 20 % appliquées sur les royalties en question n’est pas prise en compte par la Philippine Extractive Industries Transparency Initiative (PH-EITI), dont le Conseil d’Administration regroupe « représentants de pays extracteurs, représentants de pays partenaires, organisations de la société civile, industriels et investisseurs », dans ses propres données. Un golem n’y retrouverait pas ses petits.
La solution proposée par les associations ? Une pression populaire pour plus de transparence, des comptes plus évidents et des contrôles… mieux contrôlés.
Avant d’agir, donc, il faut encore comprendre ce système à étages. Acquérir les capacités techniques et les connaissances nécessaires pour veiller à la responsabilité des entreprises extractrices. C’est dans ce but que Bantay Kita vient d’éditer une BD pédagogique de 6 pages, libre et gratuite, résumant, détaillant et expliquant le fonctionnement cette usine à gaz 2.0 aux autochtones. Qu’ils et elles sachent au moins ce qui se passe, où, quand, comment et pourquoi, afin de pouvoir vérifier que les intermédiaires tiennent leur parole.
Le propos repose donc sur l’empowerement, l’indépendance des populations qui peuvent choisir, ou non, d’accepter de plein gré les mines et leurs ressources, de lutter contre elles, de se battre pour la transparence, de créer leurs propres méthodes de traçabilité… D’agir à leur manière.
Parce que la terre leur appartient.
Et parce qu’il se murmure, parfois, si l’on tend l’oreille, qu’un peu d’égalité ne ferait pas de mal à ce monde de brutes.
Cliquez ici pour télécharger l’intégralité de la BD (6 pages), ou rejoignez Survival International sur Facebook pour suivre l’actualité des droits des peuples autochtones.