Qu’est-ce qui manque à Abou Dabi, à part le respect des droits humains les plus élémentaires ? Un squelette géant de tyrannosaure, évidemment.
Heureusement, cet oubli vient d’être réparé, ainsi que l’a révélé récemment une enquête du National Geographic.
Si le dénouement de l’affaire est récent, tout remonte au 5 octobre 2020, lors d’une colossale vente aux enchères de Christie’s à New York, qui a vu le prix le plus élevé jamais payé pour un squelette de dinosaure : 31,8 millions de dollars (soit environ 29 millions d’euros). « Stan », ainsi qu’est surnommé le vestige de ce carnivore vieux de 67 millions d’années et long de 12 mètres, a pulvérisé le record autrefois détenu par « Sue », également un tyrannosaure, de sensiblement la même taille, mais vendu pour 8 et quelques pauvres millions de dollars à un musée d’histoire naturelle de Chicago, en 1997.
Une créature vendue plus pour 5 fois son estimation initiale.
Un total, tout frais inclus, de 31 847 500 dollars.
L’acheteur était anonyme et comme toujours, dans les ventes aux enchères de luxe, le mystère avec soin préservé. Mais les dinosaures ont leurs obsessionnels dont, manifestement, Michael Greshko, journaliste au National Geographic, qui a épluché les documents d’export des douanes américaines pour finalement remarquer une livraison d’un paquet de 5,6 tonnes, pour le montant exact de la vente, aux Émirats Arabes Unis.
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Sa place est dans un musée
L’État Fédéral a confirmé son achat, expliquant : « L’histoire naturelle a un nouveau foyer ici, à Abou Dabi, et nous raconterons l’histoire de l’univers grâce aux plus fascinants échantillons connus par l’humanité ». Les bureaux de Mohamed Kalifa Al-Mubarak, Président du Département de la Culture et du Tourisme (mais également la compagnie médiatique twofour54, de l’Entreprise de Développement et d’Investissement dans le Tourisme TDIC, de Miral Asset Management, des universités Aldar et de Image Nation Abu Dabi, comme le précise sa fiche biographique sur l’Association Internationale du Tourisme Médical, qui le compte parmi ses conférenciers réguliers)… Qu’est-ce qu’on disait, déjà ?
Ah, oui : les bureaux du Département de la Culture et du Tourisme, donc, ont expliqué avoir également acquis une météorite vieille de 7 milliards d’années, contenant des éléments formés avant le soleil lui-même. Ces deux pièces ont vocation à enrichir la collection d’un musée d’histoire naturelle qui sera dédié à l’histoire de l’univers, en cours de construction sur l’île de Saadiyat, laquelle accueille déjà les déclinaisons locales du Louvre et du Guggenheim (parmi une dizaine d’autres projets achevés, en cours ou simplement annoncés), le tout relié à la capitale, car l’île de Saadiyat est donc une île, par une modeste autoroute à six voies.
Dernière précision : Stan n’aurait jamais dû finir ses jours ainsi. Découvert dans le Dakota au début des années 1990, il menait une vie tranquille jusqu’ici dans l’institut de recherche des Black Hills, où il servait de référence pour fabriquer des répliques destinées aux passionnés comme aux collectionneurs. Ce n’est qu’après une dispute judiciaire entre deux des actionnaires majoritaires, les frères Larson, que la justice a ordonné la vente du fossile.
Et vous, quand vous ne serez plus qu’un fossile, comment voulez-vous finir ? Envoyez « Fossile » au 3699.