Butez-moi tous ces vampires

Une espèce de chauve-souris jusqu'ici inoffensive a commencé à s'attaquer à l'homme en raison de la disparition de son écosystème naturel.

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Des chauve-souris en vol au coucher du soleil
© Clément Falize / Unsplash.

Jusqu’ici, la chauve-souris Diphylla Ecaudata ne s’est jamais attaquée à l’humain.

En effet, pouvoir se nourrir de ce mets délicat nécessite un métabolisme spécifique, fruit d’une évolution ultra-spécialisée (des canines qui vont bien pour percer la peau, de la salive qui empêche le sang de coaguler, un système digestif qui sépare l’eau du sang, ce qui rend impossible le stockage de graisse).

Mais face à la disparition de son écosystème, le vampire à pattes velues (c’est son autre petit nom) s’est adapté pour pouvoir enfin nous suçoter, comme le révèle le New Scientist.

Ce sont les conclusions d’une étude publiée en décembre 2016 par BioOne et réalisée au Brésil sous la direction du professeur Enrico Bernard, de l’Université Fédérale de Pernambuco à Recife. Sa méthode est assez simple : les heureux chercheurs ont puisé dans les déjections de la bête dans les forêts de Caatinga au nord-est du pays afin d’étudier leur régime alimentaire. À leur grande surprise, ils ont découvert des traces d’ADN de sang de poulet (normal)… Et donc humain (pas normal).

Les forêts de Caatinga au Brésil
Les forêts de Caatinga : un écosysème sec déjà pas franchement accueillant. CC Ivandro Batista / Wikimedia Commons

D’autant moins normal qu’en principe, les chauve-souris n’ayant pas accès à leurs proies habituelles ont plutôt tendance à se laisser mourir : la sélection naturelle ne fonctionne pas comme un interrupteur et développer la bonne mutation requiert, aussi, simplement du bol —ou son absence, de notre point de vue (d’autant que Diphylla Ecaudata a, comme ses consœurs, la capacité de transmettre la rage à ses victimes”.

“Nos résultats suggèrent que le régime de D. Ecaudata est plus flexible qu’attendu. Les traces de proies humaines et l’absence de sang issu d’espèces locales pourrait témoigner d’un accès restreint aux animaux sauvages sur le site étudié, ce qui renforcerait la preuve de l’impact de l’être humain sur les processus écologiques”, pointe l’étude disponible en ligne et détaillée, en français, par The Conversation.


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La nouvelle n’est pas forcément mauvaise pour tout le monde, cela dit. Si par exemple votre truc dans la vie, c’est de shooter du chiroptère au calibre 12, votre passion pourrait bien avoir plus d’avenir que vous l’imaginez.

Et si votre truc, c’est plutôt de fouiller dans les excréments de chauve-souris, eh bien vous avez peut-être aussi trouvé votre job de rêve ! Nous on juge pas.