En Nouvelle-Zélande, Ben&Scott redécouvrent « le jour d’avant »

Comment un événement majeur vient torpiller le cours de l’actualité ? Le duo d’artistes Ben&Scott explore les archives de la presse.

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Ben&Scott Jour d'avant
Wellington, Nouvelle-Zélande © NASA

Le 11 septembre, la mort de Lady Di ou le tsunami japonais : c’est le genre de jour dont on se souvient précisément où nous nous trouvions en apprenant la nouvelle.

Mais de quoi parlait-on la veille ? Un duo d’artistes a scruté les archives de la presse pour comparer les Unes des journaux le jour d’un événement majeur avec celui qui le précède. Le résultat est un travail graphique au plus près du réel, qui invite à réfléchir sur la nature même du cycle de l’information, quand une catastrophe éclipse l’autre et que l’émotion ne dure qu’un moment.


 
Scott Kelly et Ben Polkinghorne, alias « Ben&Scott », forment un tandem déjà très remarqué. Ces Néo-Zélandais issus du graphisme et de la pub figurent même au prestigieux palmarès des « 30 under 30 » du magazine Forbes. (Comprenez : « Les 30 de moins de 30 qui comptent », ou : des jeunes cracks qui comptent dans leur domaine. (Nous avions déjà consacré un article à leur travail sur les algorithmes de recommandation, que vous pouvez lire ici).

The News before the Storm, leur nouveau projet, détourne les codes graphiques typiques employés par les journaux pour les grands événements, en les mixant avec les couvertures des quotidiens de la veille. « Nous voulions souligner combien le moment présent était fragile en présentant des événements qui nous touchaient tous », nous a précisé par mail Ben Polkinghorne. Lorsqu’un drame se produit, la presse utilise immanquablement une imagerie grand format, émotive : « L’horreur jaillit presque de la page », remarque-t-il. « Instinctivement, nous avons senti que le collage fonctionnerait bien. Il crée des juxtapositions visuelles intéressantes, comme les superpositions. »

Utilisant à la fois des outils numériques et des techniques manuelles, nos artistes mélangent les styles éditoriaux, et les canards du monde entier, du Guardian au Japan Times. Les créations reposent aussi sur le procédé CMJN, souvent utilisé pour l’impression des journaux, qui consiste à passer les pages dans une seule tonalité de couleur et à les superposer : « Nous révélons ainsi à quel point un même cycle d’actualités peut être différent. Les choses peuvent changer radicalement du jour au lendemain », observe Polkinghorne, « Les autres nouvelles – qui pourraient normalement être considérées comme importantes – sont aussitôt reléguées aux pages suivantes. »

Le constat est aussi sombre que les informations en continu peuvent être anxiogènes, « dans le sens où nous avons toujours de quoi nous inquiéter ». Et c’est bien connu, les médias ne parlent pas des trains qui arrivent à l’heure.

Les trucs qui explosent par contre, on prend.