Les papillons sont des insectes pollinisateurs dont le déclin ne peine pas seulement les poètes. Leur effondrement dramatique (on parle d’une perte de 50 % de la population sur les cinquante dernières années), témoin de la perte de la biodiversité, annonce des heures dures pour les êtres humains.
Heureusement, des petits malins ont une idée derrière la tête pour les faire réapparaître.
En République Tchèque en 2017, les chevaux sauvages ont été réintroduits dans les plaines du parc national de Podyjí, puis dans l’ancienne base militaire de Milovice. Aussitôt, l’équipe du Professeur Martin Konvička, de l’université de Bohême-du-Sud, s’est mis à traquer la population, la santé et les mouvements des coléoptères, parmi lesquels des représentants de cinq espèces en voie d’extinction sur le territoire national. Ils furent aidés en cela par une bonne dose de bénévoles, dont Konvička louait récemment l’implication dans un message à nos confrères de Mongabay : « Il faut un groupe d’individus dévoués sur place, prêts à travailler tous les jours, sans exception, durant pratiquement tout l’été, quand la plupart des êtres humains préfèrent aller à la plage« .
Ses résultats concluent que les espèces ne s’épanouissent pas de la même façon selon les paysages : 4 sur 5 préfèrent les prairies peu hautes… Or, justement, les chevaux sauvages, naturellement, aplatissent herbes et arbustes du simple fait de leurs courses folles, de leurs repas simples et de leurs passages constants. L’autre espèce, adepte elle des hauts gazons, a trouvé cependant à s’épanouir dans le second terrain grâce à la présence de la base militaire, à ses nombreux recoins et espaces hors d’accès pour les indomptés équidés (une espèce que l’on aimait déjà bien).
« Nos résultats nous permettent de prédire que le pâturage naturel créé par les chevaux bénéficieront à M. aurelia, M. cinxia et M. didyma et n’auront pas d’effets particuliers sur M. athalia. Il peut poser un risque pour M. britomartis, plus habitué aux zones forestières, à qui profitaient jusqu’ici les zones plus hautes. Sa conservation demeurant une priorité majeure, nous recommandons des mesures pour limiter ces impacts négatifs« , écrivent les chercheurs en ouverture de leur article sur Science Direct.
Il est donc temps de passer à la phase expérimentale afin de confirmer ou d’infirmer ces résultats et nous assurer qu’il est possible de repeupler les zones dont disparaissent les papillons à grande échelle. La solution semble en tout cas préférable à simplement laisser à l’abandon les prairies sèches, et moins coûteuse qu’y faire brouter des troupeaux d’ovins ou de bovins : les chevaux en liberté se révèlent d’excellents architectes de leur environnement.
Ces derniers temps nous donnaient comme une envie d’aller, nous aussi, paître au milieu des chevaux et des papillons. Hélas, il vaudrait donc mieux les laisser tranquilles… Et même leur céder nos bases militaires. Sacrifier les papillons et sa propre survie, ou ses chars d’assaut ? C’est ce que l’humain appelle un dilemme.