Depuis 1999, en terre sainte et surtout limougeaude, Festiv’Art organise un festival du court-métrage centré autour de ses « battles » : les participants ont quelques jours pour filmer et monter, sur place, leur œuvre cinématographique et, lors de leur projection, le public vote à l’applaudimètre (avec sonomètre de rigueur) pour élire leur préféré.
Cette année bien sûr, pas de festival, pas de projection, pas de public et pas d’applaudimètre… Mais une battle Spéciale Confinement, dont nous sommes partenaires. 4 films ont été retenus. Le jury débat en ce moment de ses récompenses, et le public est également incité à voter sur ce lien pour l’un des 4 films à découvrir ci-dessous.
PostAp a rencontré Muriel Clément, membre bénévole de l’association, pour nous éclairer sur le pourquoi et le comment de l’opération. Découvrez donc l’édition Spéciale Confinement de Festiv’Art, mais surtout n’oubliez pas de voter pour le prix du public, jusqu’à lundi midi !
Attention, si PostAp est partenaire, et donc membre du jury, nous avons tiré au sort l’ordre de présentation des courts-métrages ci-dessous. N’y voyez donc pas de message caché, et ne vous laissez pas influencer : ) !
PostAp Mag. Pourquoi faire une battle dans une période comme celle-ci ?
Muriel Clément. Courant février, nous évoquions l’idée de faire un « dernier » festival avant de passer la main à une autre équipe, chacun étant pris dans de nouvelles aventures, qui permettent difficilement de s’engager à long terme sur de tels projets.
Moins d’un mois après, le 18 mars, l’idée était lancée d’organiser une battle sur le thème du confinement. Les interêts sont multiples : on fait parler de l’association, bien sûr, mais aussi on permet aux gens de se lancer dans une aventure de réalisation, bien connue pour certains, inédite pour d’autres. Dans un contexte très particulier bien sur, mais selon les règles de la battle. Et puis, ça occupe et surtout ça fait réfléchir, ça laisse une trace de ce vécu absolument extraordinaire.
P. A. M. Combien avez vous reçu de films, comment se déroule la sélection ?
M. C. Nous avons reçu 11 films ! Les membres de l’association se chargent d’en retenir 4, ensuite la sélection est soumise à un jury composé de professionnels du cinéma et de journalistes : Guillaume MARTINEZ, Julien MILLANVOYE, Jean-Pierre DIONNET et Muriel MINGAU.
D’ordinaire, nous regardons les films ensemble et, surtout, nous prenons le temps d’en discuter. Nous pouvons alors mesurer ce que cela renvoie à chacun, en termes d’émotions. On s’observe, on décode les mimiques des uns et des autres, etc. Là bien sûr, c’est très différent. Chacun regarde les films de son côté, puis on échange via nos messageries.
Chacune et chacun juge les films selon différents critères : le respect des règles d’une part (durée, respect du confinement, contenu non violent, etc.) et, d’autre part, la qualité du scénario, les aspects techniques, le jeu des acteurs, la bande son, etc. On fait en fonction de qui l’on est, de son expérience, de son ressenti et de ses exigences aussi.
P. A. M. Comment se fait le vote du public ?
M. C. Durant les précédentes éditions, les finaliste de la Battle étaient soumis au vote à l’’applaudimètre. C’était un moment très attendu durant le festival. Cela créait une vraie émulation. Chacun motivait ses troupes pour faire un maximum de bruit. Les personnes qui avaient réalisé les films bien sûr, qui avaient partagé ces quelques jours d’une extrême densité à échanger, écrire, tourner, finaliser leur films, sans vraiment beaucoup dormi … et leur public ! Réaliser un film de moins de 5 minutes en quelques jours est une vraie performance.
On a vécu autre chose cette fois-ci, et il faut trouver des parades à la situation actuelle. C’est pourquoi nous avons remplacé le vote à l’applaudimètre par un sondage via un formulaire sur Internet.
P. A. M. Pourquoi avoir ajouté un jury ?
M. C. Nous avons ajouté un jury car, sans la présence d’un public « réel », en salle, il nous paraissait intéressant d’apporter un autre regard, plus professionnel. D’ordinaire, le jury votait seulement pour les compétitions officielles. Le public fonctionne d’avantage à l’émotion, ce qui est une excellente chose, mais dans ce contexte on voulait aussi le regard de professionnels. Il permet un autre jugement, une attention différente ainsi qu’un encouragement fort.
P. A. M. Pourquoi avez-vous choisi de vous impliquer dans cette association ?
M. C. Il y a quelques années, je m’installais à Limoges, quelques semaines avant le festival, qui avait lieu à l’époque en novembre. Le hasard a fait que j’ai rencontré des membres de l’association, composée alors essentiellement d’étudiants : ils avaient besoin d’un coup de main pour l’organisation. J’y suis allée, et depuis…
C’est une expérience d’une grande richesse : on rencontre des gens extraordinaires, professionnels du cinéma ou non, on en apprend sur soi aussi dans l’organisation d’un événement, on découvre des films magnifiques, d’autres drôles, on est touché, ému, surpris. Le court-métrage est un format peu connu, c’est important de le populariser.
Au fil des années, nous avons gagné en reconnaissance, nous sommes devenus plus légitimes, puis nous avons intégré une salle de cinéma : c’était une grande victoire pour nous !
P. A. M. Comment envisagez vous le cinéma après la crise ?
M. C. Le cinéma va évidemment énormément souffrir de cette crise … Les conséquences vont être très lourdes : les salles fermées, les tournages suspendus, les festivals annulés… Économiquement, il va être difficile de s’en relever car les enjeux sont considérables. En cela, tout le monde aura besoin d’un coup de pouce pour se relever ou, en tous cas, atténuer les effets de cette crise.
En parallèle, nous allons peut-être assister aussi à des créations massives, où les gens vont redoubler d’envie de fréquenter les salles… ? !
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