Jeune et joueuse

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La violoniste Maria Suneas lors de sa prestaiton aux Gramophone Awards 2025
Maria Dueñas lors de sa prestation aux Gramophone Awards. © Jamie Hodgskin / Gramophone.

Jeune et joueuse

Il m’a fallu un peu de temps pour comprendre la différence entre Gramophone Magazine et Deutsche Grammophon mais apparemment la réponse est : aucun lien. Pas même, j’ai vérifié deux fois, le même nombre de “M”.

L’invention du gramophone à la fin du XIXème siècle a marqué les esprits. On doit ce tourne-disque surmonté d’un grand cornet en guise de haut-parleur au travail de quelques précurseurs, mais surtout à un Berlinois (pourtant peu imaginatif : il s’appelait “Berliner”). C’est lui qui a ensuite créé la “Gramophone Company”, dont l’emblème (un chien blanc aux oreilles noires assis devant l’appareil et aussi attentif que s’il s’agissait, selon le slogan, de “la voix de son maître”) est entré dans l’histoire.

Portrait noir et blanc, d'époque, de Emile Berliner, bel homme aux cheveux blancs, à l'air austère mais curieusement doux
Emile Berliner a surtout contribué à l’essor du tourne-disque en inventant un moteur qui permettait de remplacer la manivelle initiale par un moteur giratoire qui, une fois le concept poussé un tout petit peu plus loin par son fils, a permis d’inventer l’hélicoptère. CC Wikimedia Commons.

La Gramophone Company a connu une trop longue histoire pour être racontée plus en détail (disons juste que c’est le “Gram” dans “PolyGram” et dans les célèbres “Grammy”, les trophées américains). On la résumera simplement à la longévité de sa branche allemande, Deutsche Grammophon donc. Une enseigne aujourd’hui connue de tous les amateurs et toutes les amatrices de musique classique, partout dans le monde.

Le succès du gramophone a presque naturellement entraîné la création, dans les années 1920 en Angleterre, de Gramophone Magazine. Ce journal a su rester humble malgré sa longévité, comme en témoigne son slogan, un modeste “les meilleures critiques musicales du monde”.

Ce détour était nécessaire pour vous présenter les résultats des Gramophone Awards 2025. Le prix est décerné par le magazine depuis 1977. Mais ni l’un ni l’autre n’ont de lien avec la maison de disque Deutsche Grammophon. C’est important de le préciser parce que, vu la prééminence de cette dernière dans la musique classique, ce sont surtout ses disques et artistes qui raflent les prix, encore cette année. Mais donc, derrière l’homophonie, il n’y a ni lien, ni malice, ni corruption.

La liste des gagnantes et gagnants est disponible ici mais la presse a un net coup de cœur pour la violoniste Maria Dueñas qui, à 22 ans, réussit l’exploit d’emporter un double prix : celui de jeune artiste de l’année et celui du meilleur instrumental, pour son interprétation des 24 Caprices écrits par le légendaire Niccolò Paganini. Ça se trouve chez Deutsche Grammophon.

Signalons aussi le succès du chef d’orchestre Simon Rattle, proclamé “meilleur artiste” pour la seconde fois de sa vie, après une première distinction en 1993. Ça n’était jamais arrivé dans l’histoire du prix. On peut juger ici de son talent (sur un air un peu connu de Handel qui devrait assez rapidement vous dire quelque chose, j’en fais le pari même si vous pensez que non).

Mais je préfère cette vidéo-là, sur un extrait de la Symphonie n°3 de Beethoven et sous les auspices de Deutsche Grammophon. Parce qu’on ne peut pas s’empêcher de se dire qu’en plus il a l’air sympathique, ce qui n’est pas le trait le plus partagé chez les chefs d’orchestre.

En guise de coup de cœur plus personnel, j’ai choisi de m’attarder sur le prix de la Musique de Chambre remis à Krystian Zimerman, Maria Nowak, Katarzyna Budnik et Yuya Okamoto pour leur interprétation des Quatuors pour Piano et Cordes n°2 et 3 de Brahms (c’est édité chez Deutsche Grammophon).

Même si, je l’avoue, c’est un peu facile.

Pas pour eux, hein, pour moi : craquer pour un ensemble piano, alto, violoncelle et violon, c’est presque de la triche, non ?

Gramophone Magazine via The Strad

Elle a toqué à la porte l'autre jour, a dit "Conduisez-moi à votre chef", et Julien l'a aussitôt mise au travail. Elle a l'avantage de se nourrir exclusivement de marguerites et pissenlits, mais l'inconvénient d'espionner le monde au profit de sa planète natale. Elle aime les monster trucks, le musc et Katy Perry.