Monde
Birmanie. La tortue Batagur Trivittata, connue pour arborer en permanence un sourire bienveillant à la limite du rigolard, est sortie de la catégorie des espèces en danger critique d’extinction.
Un succès incontestable pour le travail commun de la Wildlife Conservation Society et la Turtle Survival Alliance, dont le programme de préservation a permis de faire grimper la population du reptile à un millier d’individus, tout contents d’être en vie à en croire leurs mâchoires bien détendues.
Argentine. « L’un des grands débats que la pandémie nous laisse, nous pouvons l’appeler « revenu universel » , mais il s’agit en réalité de ce que nous considérons comme étant un travail, et des conditions dudit travail », affirme Mercedes d’Alessandro, Directrice Nationale Économie, Égalité et Genre (un service créé cette année au sein du ministère de l’Économie), dans un grand entretien donné, en français, à la passionnante et toute jeune revue de géopolitique Le Grand Continent. L’ex-fondatrice de Economía Femini(s)ta y développe ses solutions économiques pour résoudre pauvreté et chômage dans un pays où, comme elle le rappelle, près de 40 % des travailleurs sont employés par le secteur informel de l’économie (vendeurs, ouvriers du bâtiments et domestiques, par exemple). Pour elle, dans le pays, qui a changé de majorité l’an dernier, tout comme au gouvernement, la question du revenu universel n’est plus tabou, ni ridicule :
« Je pense qu’aujourd’hui, il y a une ouverture pour parler de cette question, et cela va désarmer beaucoup de préjugés. Cela va changer la façon dont beaucoup de gens pensent. En fait, si vous me demandez, il y a un an, j’étais contre. Je pensais que c’était une solution artificielle. Et aujourd’hui, j’y pense différemment, parce que j’ai été confrontée aux données et aux définitions que je vous ai données, pour calculer tant de chômeurs, tant d’emplois nécessaires, combien de croissance il faut… C’est un débat qui est en cours et je suis enthousiaste. »
Bonne chance à elle. L’entretien est disponible en intégralité et en accès libre sur le site du Grand Continent, au bout de ce lien.
Koweït. Le Koweït fait la chasse aux expatriés. 100 000 d’entre eux vont devoir quitter la pays d’ici la fin de l’année, a annoncé le quotidien Al-Qabas, citant une source gouvernementale. Depuis mai dernier, et les conséquences de la pandémie sur les revenus pétroliers du royaume, ce dernier cherche à se débarrasser de 40 % de ses travailleurs étrangers, qui représentent plus de 70 % de sa population totale. Une stratégie qui pourrait également pénaliser les nationaux en raison de l’augmentation du coût de la vie, selon un analyste financier sur place, Geoffrey Martin.
Pakistan. Ce mois-ci, l’Autorité des Télécoms Pakistanaise (ATP) a mis fin à la drague 2.0., en bloquant Tinder et quatre autres applications de rencontre (Grindr, Tagged, Skout et SayHi), jugeant leur contenu « immoral et indécent ». Elle ne s’interdit pas de les autoriser à nouveau, si celles-ci ne proposent plus de services de rencontre (ce qui est leur seule raison d’être et unique possibilité). Le président du groupe de défense des droits numériques Bytes for All a qualifié l’interdiction de « ridicule » et « facile à contourner » et Tinder s’est dit impatient de discuter « de notre produit et nos efforts de modération » avec l’ATP, sans obtenir de rendez-vous pour l’instant.
Cinéma
La sixième édition du Festival du Film Saoudien, qui s’est tenue virtuellement, via YouTube, en raison de la pandémie, se clôt sur une victoire pour le réalisateur Husam al-Sayed, récompensé du prix du meilleur film pour How do I sleep. L’œuvre est centrée sur un homme affrontant une insomnie, étrange et onirique, habitée par une mystérieuse présence féminine. L’auteur a tenu à remercier son interprète principale, Fatima Hussein, « l’actrice dotée de la plus grande intelligence émotionnelle avec qui j’ai pu travailler. »
On peut retrouver cette dernière à l’affiche de la websérie Khas, au troisième épisode retardé, mais dont on peut voir les deux premiers en ligne.
Carnet mondain
Alexander Karp nique la rentrée. À 52 ans, le cofondateur et PDG de Palantir, une entreprise leader dans le domaine hautement sensible de la collecte de données privées, prépare l’entrée en bourse de son bébé. Il a pour cela rendu publics les comptes de la multinationale. On apprend ainsi que le gouvernement américain représente cette année, à lui tout seul, 54 % de son chiffre d’affaires, 76 % de plus que l’an dernier.
Ce qui explique peut-être que, dans la lettre de présentation de son projet, adressée au gendarme américain de la Bourse, il considère essentiel de réaffirmer son patriotisme, écrivant : « Notre société a été fondée dans la Silicon Valley. Mais nous partageons de moins en moins les valeurs et engagements du secteur technologique (Palantir a quitté cette année la Californie pour Denver, dans le Colorado, NDLR) […] L’élite constituée par les ingénieurs de la Silicon Valley en sait peut-être plus que la moyenne sur la conception de logiciels. Mais pas sur la façon dont devrait être organisée la société, ou sur ce qu’est la justice. […] Il existe des entreprises qui collaborent aussi bien avec les États-Unis qu’avec nos adversaires. Ce n’est pas notre cas. »
Puis, il s’est probablement envolé quelque part, compte tenu du fait que l’on apprend dans les mêmes registres de compte que ses frais de voyage s’élèvent à 800 000 dollars annuels, en sus de ses 12 millions de revenus. Ce qui peut-être l’aidera à dissiper les remords qu’il explique avoir quand il pense au fait que son travail « aide à tuer des gens », comme il l’expliquait en mai dernier à l’émission politique d’HBO, « Axios ».
Petites annonces
Union Politique riche, bon état, peu servi, cherche Honneur. Avec l’incendie du camp de migrant de Moría, sur l’île grecque de Lesbos, l’Union Européenne dévoile son indigne hypocrisie et les monstruosités auxquelles conduisent les concessions sans cesse renouvelées de ses gouvernements aux partis racistes et d’extrême-droite.
Ce désastre avait d’ailleurs été anticipé, sans que rien ne change. Entre autres par Jean Ziegler, dans ouvrage sorti début septembre, Lesbos, La Honte de l’Europe (Seuil), qu’a lu et analysé Chloé Maurel dans La Vie des Idées, ici.
C’est tout l’effroi du monde tel qu’il est, fabriqué pour et par nous, qui se dévoile dans son compte-rendu exhaustif du livre, autant que le fonctionnement délirant de l’U.E. sur les questions raciales.
Pour autant, un monde sans frontières serait-il possible ?
Eh bien peut-être, oui, à en croire le Centre Sèvres, comme on peut l’entendre ci-dessous lors d’une discussion avec les chercheurs François Gemenne et Hélène Thiollet.
À écouter, les yeux fermés, et les rêves à portée de main.