L’annonce a été faite lors du dernier congrès de la Fédération Internationale d’Astronautique, qui se tenait ce mois de septembre à Paris : le groupe hôtelier Hilton, un peu plus d’un siècle d’existence et 15 000 employés à travers le monde, designera la suite hôtelière de la future station spatiale privée Starlab, construite par Lockheed Martin et la holding Voyager Space, qui devrait décoller en 2027.
Attention : il ne s’agit pas d’un futur hôtel dans l’espace. La station sera tout juste assez grande pour embarquer l’équipage et les laboratoires scientifiques qui lui permettront de conduire toutes sortes d’expérience en impesanteur. Non : même si vous êtes très, très riche, votre première nuit en Hilton spatial, ça n’est pas pour tout de suite.
Mais, à dire vrai, tant mieux. Il y a suffisamment à faire dans l’espace pour ne pas tout de suite consacrer son budget à distraire quelques milliardaires en mal de sensation. En revanche, voir Hilton s’atteler au design de la suite qui accueillera les astronautes (qui seront au nombre de quatre) est bel et bien un tournant pour l’exploration spatiale.
C’est le signe que les modules orbitaux ne devront plus seulement être fonctionnels, mais aussi beaux —et agréables à vivre. C’est un réel défi pour le groupe d’hôtellerie (on imagine volontiers un cahier des charges assez fourni) mais c’est aussi, à sa manière, un signe que la course à l’espace, la course dans l’espace, peut se payer le luxe d’être, en plus, chic. C’est le dernier tournant en date dans un plus vaste et radical changement de paradigme.
La Station Spatiale Internationale devra bientôt être abandonnée, probablement vers 2030. Parce qu’elle vieillit, mais aussi parce qu’elle coûte très, très cher. Pour la remplacer, la NASA se tourne de plus en plus vers des acteurs privés, mais aussi de plus petits projets, potentiellement plus rentables. On l’a vu de manière spectaculaire avec les engins de Musk et Bezos, mais ce n’est que la face émergée de l’iceberg. Ainsi, au moins 5 autres modules habitables sont actuellement élaborés, rien qu’aux États-Unis.
Pour le projet Starlab, qui est bien, avant tout, un projet scientifique, destiné à la recherche fondamentale, le partenariat avec Hilton est donc, aussi, une très belle opération de communication pour se distinguer de ses concurrents dans la guerre commerciale des étoiles… D’autant que Voyager Space prévoit d’entrer en bourse l’année prochaine.
Sur son site, dans son À propos, la firme l’écrit clairement : « L’espace se transforme rapidement. Il n’est plus la nouvelle frontière : il devient une économie, prospère, dédiée à la recherche, à l’industrie, aux affaires, à l’exploration, au divertissement, et plus encore. »
Et justement, le communiqué de presse stipule que « Hilton travaillera également avec Voyager afin d’examiner des opportunités de marketing pour la station spatiale, et l’expérience des astronautes à bord. »
Dans l’espace, tout le monde les entendra se gaver.
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