Chaque année, le corail relâche en même temps œufs et gamètes mâles lors de ce qui est souvent appelé « la plus grande orgie du monde ».
Tout est réglé comme du papier à musique : œufs comme gamètes sont relâchés au même moment dans l’eau et la rencontre se fait naturellement, au gré des courants. Le timing est essentiel, les uns comme les autres ne pouvant survivre que quelques heures dans la mer.
Malheureusement, comme un village de campagne dont le bal annuel aurait disparu, les rencontres se font de plus en plus difficilement. Une étude parue début septembre dans Science et menée dans le golfe d’Eliat en mer Rouge révèle que les coraux se désynchronisent rapidement… et sûrement.
Les 200 relevés effectués 4 ans durant sous la direction de la professeure Yossi Loya, à l’université de Tel Aviv n’ont pu que mettre au jour une anarchie de plus en plus prononcée. Si en principe les coraux sont réglés sur les phases de la lune, l’une des 5 espèces étudiées change de phase semble-t-il aléatoirement au fil des années, d’autres s’activent quotidiennement pendant des semaines ou des mois, avec bien moins de vigueur que les rendez-vous habituels, en principe calés sur une seule et unique nuit, ce qui conduit à la naissance de toujours moins de bébés coraux.
Les causes ne sont pas exactement connues : réchauffement des eaux, hausse de leur acidité due au C02, pollution humaine ou du transport de marchandises… Les changements connus par ces eaux ces dernières décennies sont trop nombreux pour qu’il soit évident d’en isoler un seul —d’autant qu’il pourrait s’agir d’une autre cause encore ignorée ou mal comprise.
Après… les orgies, les coraux, à quoi ça sert ? Alors qu’on peut tranquillement se terrer dans un bunker et reconstituer le monde en réalité virtuelle ? La question reste, semble-t-il, pour certaines et certains, hélas posée.
Plus d’infos (en anglais) dans la rubrique Earther de Gizmodo.