Jupiter, la plus grande planète de notre système, une grosse boule grande comme onze fois la Terre, principalement constituée d’hydrogène, déjà connue des Babyloniens et à l’origine du calendrier astronomique chinois, héberge plus de soixante-dix lunes. Nous allons prochainement faire plus ample connaissance avec trois d’entre elles : Ganymède, Callisto et Europe, chacune abritant un océan liquide sous leur surface. Où la vie pourrait s’être développée.
La présence d’eau est confirmée en sous-sol sur Callisto ainsi que sur Ganymède, où s’ébattent des océans d’eau liquide séparés les uns des autres par d’épaisses couches de glace. Le plus profond semble en contact direct avec le noyau rocheux —condition prometteuse d’apparition de la vie. Promesse aussi de monts hydrothermaux semblables à ceux qui, sur Terre, accueillent d’authentiques écosystèmes. Europe, quant à elle, dissimule probablement en surface des geysers d’eau salée, et semble contenir tous les gaz connus pour, là encore, générer la vie telle que nous la connaissons.
Telles sont donc les destinations vers lesquelles s’envolera l’an prochain la sonde baptisée JUICE, (JUpiter ICy moons Explorer), pilotée par l’Agence Spatiale Européenne . À son bord, des instruments d’observation spécifiquement conçus et fabriqués pour la mission, principalement par la France, l’Allemagne, l’Italie et la Suède, avec le concours de l’Agence d’Exploration Aérospatiale Japonaise et de la NASA.
Cette dernière enverra d’ailleurs, deux ans plus tard, son propre satellite d’observation, l’Europa Clipper, qui se chargera, comme son nom l’indique, d’Europe, tandis que sa grande sœur européenne se concentrera sur Jupiter, Callisto puis Ganymède. Le voyage durera un peu plus de sept ans. L’observation, trois et demi. JUICE embarque un spectromètre, destiné à examiner l’atmosphère et les minéraux de Jupiter comme de ses satellites, un analyseur de gravité et de géophysique, utilisant les micro-ondes pour déterminer la nature et les dimensions des océans, un radar pour comprendre ce qui s’y déroule jusqu’aux plus grandes profondeurs, et un altimètre laser pour établir la géographie de surface.
Ce gros bébé survolera Jupiter onze mois durant, puis Europe pendant trente-six jours avant de s’approcher en douceur de Callisto à la recherche de sa structure interne, tout en étudiant, de loin, les corps célestes voisins. Elle restera dans les parages onze mois, avant d’en passer neuf autres en orbite autour de Ganymède.
Le projet est d’autant plus réjouissant que, récemment, une équipe réunissant scientifiques français et canadiens a découvert, sur notre propre planète cette fois, dans les mers arctiques, que le phytoplancton entre en croissance dès le mois de février, quand toute eau est recouverte de glace et le soleil à peine levé au-dessus de l’horizon.
« La luminosité dans les eaux arctiques en février est excessivement faible. Certaines espèces de phytoplancton semblent tout de même parvenir à faire de la photosynthèse dans ces conditions extrêmes. Cela démontre à quel point ces organismes peuvent être efficaces pour capter les moindres photons qui se rendent jusqu’à eux », a précisé le responsable du projet, Achim Randelhoff, à Techno Sciences.
Bien sûr, rien ne dit que cette révélation puisse être calquée sur des océans extra-terrestres.
Mais elle rappelle, qu’elle s’éveille sous nos pieds ou gisent loin de nos yeux, que la vie est une merveilleuse créature.