Il y a là le rescapé d’une famille de cannibales, le geek aux lunettes à la réalité virtuelle qui flirte avec la réalité invisible, l’échappée d’une secte proche du satanisme, la survivante d’un tueur en série sadique et l’ancien héros de romans pour jeune public qui, alors qu’il était lui-même enfant, a tué des monstres de toutes sortes (un personnage d’autres ouvrages de Daryl Gregory lui-même).
Et puis il y a évidemment la thérapeute qui a décidé de les réunir dans un groupe de parole, Jan Sayer. En œuvrant de patience, de silences, de relances, elle réussit peu à peu à installer la confiance entre ces êtres fracassés. Ils s’invectivent, s’accusent puis se narrent, décrivent leur horreur personnelle, font le bilan des dommages physiques et psychologiques.
Sauf qu’évidemment une autre catastrophe les attend, tapie derrière l’un d’entre eux, derrière deux d’entre eux, derrière tous en vérité.
Dans un « nous » narratif qui (on finit par le comprendre) désigne le groupe dans son ensemble, on traverse la thérapie puis l’action sans jamais se départir d’un sourire et d’une chair de poule en même temps. Mélangeant tous les profils du genre gore/fantastique/horreur, les grandes références et les mille visages des films et des romans, Daryl Gregory va jusqu’à même y faire apparaître le concept de monomythe de Campbell (1904-1987) qui avançait dans les années 40 que tous les mythes du monde racontent intrinsèquement l’exacte même histoire. Ultime virtuosité de l’hommage/caricature du genre de Nous Allons Tous Très Bien, Merci
Une très jolie réussite, courte, enlevée et fascinante, qui tend à prouver que quelqu’un a enfin réussi à réinventer du neuf dans le genre des romans d’horreur. Gentille horreur, mais horreur tout de même.
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