The Last Jedi : guide politique pour monde croulant

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Vivant dans les pays parmi les plus confortables du monde, mais aussi les plus apaisés et les plus respectueux des droits humains, les Occidentaux n’aiment rien tant que se diviser. Ainsi, pour la communauté de fans de Star Wars, le dernier opus, sorti en décembre 2017 et apparaissant aujourd’hui en France dans les bacs en Blu-Ray, UHD et DVD (et depuis une semaine en version numérique), fut l’occasion parfaite de se lancer dans sa propre guerre civile. Pourquoi ? Comment ? Mais, surtout, au nom de quoi ? C’est-à-dire : qu’est-ce que ce film raconte ? Explication… Et prise de position.

« Personne ne vient de nulle part »

Rapide rappel : dans les années 1990, la trilogie est chère au cœur de millions de jeunes gens dans le monde entier (à la notable exception de la Chine, où elle n’est pas distribuée). Ces fans ont vu les films des dizaines et des dizaines de fois, ont joué avec les figurines en plastique, mais aussi aux jeux vidéo, aux jeux de rôles et se sont bâti leur propre histoire. L’annonce du tournage de trois nouveaux épisodes, centrés autour de la mystérieuse « Guerre des Clones » simplement évoquées au détour d’une phrase au début du film de 1977, leur fait espérer le paradis.

Modeste exemple : l’auteur de ces lignes se souvient encore aujourd’hui avec une parfaite précision d’où il se trouvait lorsqu’il apprit la nouvelle. Dans le salon familial, devant la télé, l’information est annoncée au « Journal du Cinéma », par Isabelle Giordano, illustrée d’une photo noir et blanc de l’épisode 4 montrant Luke, 6PO et le fameux landspeeder qui, soit dit en passant, depuis la sortie du nouveau XP 38, ne vaut plus rien. Ce fut, à ce moment-là, plus que la joie ou de l’espoir, un profond sentiment d’incrédulité qui me traversa. Ça, et la conviction que mes parents, présents en arrière-plan de la scène, et tout à fait au courant de ma passion pour la saga, ne mesuraient pas bien, ne pouvaient pas mesurer, l’importance de la nouvelle pour ce petit bout de moi qui était alors tant négligé par les médias de masse, et qu’on appelle l’imagination.

Vous le savez sans doute : les films de ce qu’on appelle la « prélogie » ont profondément déçu. Si la plus jeune génération d’amateurs, encore dans l’enfance à l’heure où nous écrivons ces lignes, ne semble pas voir où est le problème et si l’on trouve encore, ici ou là, quelques « illuminés » (dans le bon sens, Bouddhiste et Yodaesque, du terme) pour crier au génie, La Guerre des Étoiles toute entière, du seul fait de cette immense déception qui parcourut la communauté, était désormais bonne à rejoindre ces milliers de souvenirs d’enfance auxquels on ne pense plus guère.

Deux symptômes parmi tant d’autres : en 2012, une obscure chaîne YouTube, aujourd’hui incontournable aux yeux des passionnés de cinéma fantastique, Red Letter Media, mettait en lignes 3 analyses, une par film, de la prélogie, chacune longue d’une bonne heure et demie. C’est un réquisitoire sans pitié : « La Menace Fantôme fut la chose la plus décevante à être arrivée depuis mon fils […]. Mais si mon fils, au moins, a fini par se pendre dans les toilettes d’une station-service, la dure réalité des préquelles est qu’elles seront là pour toujours », soutient le narrateur en guise d’ouverture. À ce jour, la vidéo récolte plus de 8 millions de vues. En 2010, le documentaire The People vs George Lucas tentait de percer le mystère d’une telle relation d’amour-haine avec le créateur du mythe, et de mesurer l’ampleur exacte, qui se révèle dantesque, des griefs adressés au grand barbu adepte des chemises à carreaux.

Un grand sommeil

Haine, le mot n’est pas trop fort pour désigner le sentiment qui domine alors ; témoin inversé du profond respect que les fans avaient éprouvé avant pour Lucas ; témoin tout court de la violence dont est capable une foule découvrant, sans y être préparée, les joies de l’expression publique libre. Tragique destin, ainsi, que celui de Jake Lloyd, l’acteur interprétant Anakin Skywalker (alors âgé d’à peine 10 ans), enfant jouant l’enfant, parfaitement selon le réalisateur du film, et dont la carrière fut stoppée nette. Sa dépression, consécutive aux remontrances cruelles des fans, semble dominer tous les souvenirs, autrement heureux, qu’il garde de son expérience.

Ce « backclash » n’est pas pour rien dans la décision de George Lucas de revendre pour, hum, 4 milliards de dollars, sa licence à Disney. Par ailleurs, à cette époque, la firme traverse un nouvel âge d’or. Nous sommes alors en 2012 et elle s’illustre tant sur les plans du box-office que des réussites artistiques, avec ses adaptations des comics de l’éditeur Marvel. Elle sait même surprendre les critiques les plus exigeants pour avoir repris Pixar sans mutiler leur travail artistique scrupuleux. L’essai est transformé : à l’inverse de ce qu’il advint des épisodes I, II et III, les retrouvailles avec la galaxie lointaine, très lointaine, se passent bien. Le Réveil de la Force, co-écrit par J. J. Abrams, un réalisateur grandi avec les films, et Lawrence Kasdan, le scénariste auteur de la mouture finale de L’Empire contre-attaque (à partir d’un draft imaginé par la romancière Leigh Brackett —dont on retrouve le nom au scénario de Rio Bravo et du Grand Sommeil, entre autres), coche toutes les cases du contrat. Il est unanimement jugé comme une réussite.

Unanimement… Ou presque. Et les voix discordantes sont tout sauf anodines : le réalisateur et twittos influent Max Landis, par exemple, déplore avec vigueur une protagoniste trop douée en tout pour être crédible. Rafik Djoumi, l’un des maîtres (à raison) de la galaxie geek francophone et auteur d’une biographie de George Lucas faisant autorité, expert incontesté de l’histoire de la saga et rédacteur en chef de l’émission « Bits » sur Arte, le juge sans intérêt. Mais le box office (à ce jour, le film a rapporté 2 milliards de dollars par le monde sans compter les produits dérivés) et les scores qu’il obtient sur les agrégateurs de critiques du type Rotten Tomatoes, ont tout pour contenter la team Disney.

Et ainsi, tout allait, sinon au mieux, au moins logiquement, dans le meilleur des mondes possibles pour les passionnés de la Force du monde entier (les métrages sortent désormais jusqu’en Chine). Des Star Wars sortiraient désormais quasiment chaque année, feraient leurs bénéfices, épuiseraient certains fans, en conquerraient d’autres, et tout le monde serait content ou, du moins, toutes celles et ceux qui ne voient pas de problème à filer leurs billets à un empire déshumanisé plutôt qu’à une poignée de rebelles habités par la foi, seule expression à même définir ce qu’étaient exactement les créateurs du film originel (Lucas donc, mais aussi ses monteurs —son épouse et les deux monteurs de Martin Scorsese—, ses amis qui l’enjoignirent à revoir totalement le découpage de son œuvre —Spielberg et Brian de Palma en tête—, ses producteurs Gary Kurtz et Alan Ladd Jr. —le seul membre de la Fox à croire que le film avait une chance de marcher—, ses comédiens inconnus ou, pire, passés de mode et surtout l’équipe de branquignols de génie qui conçut les effets spéciaux du film, dans le plus joyeux et improbable bordel qu’on puisse imaginer —les futures étoiles d’Industrial Light and Magic, ILM, la boîte d’effets spéciaux aux 16 Oscar pour 40 nominations en 40 ans).

Jusqu’au jour où…

Éloge de l’inattendu

Kathleen Kennedy débuta dans le métier en 1979, comme assistante de John Milius, un cinéaste passionné d’armes à feu et d’anticommunisme (on lui doit notamment L’Aube Rouge, film qui réussit l’exploit d’être à la fois un nanar complet et un chef d’œuvre authentique). Milius est alors producteur de 1941, la comédie signée d’un Steven Spielberg en pleine gloire. Ce dernier la rencontre et en fait aussitôt sa secrétaire personnelle. Un an plus tard, elle est créditée productrice associée du Poltergeist, initié par le réalisateur des Aventuriers de l’Arche Perdue. Puis productrice tout court sur le magistral (et carton absolu) E.T. Elle accompagnera ainsi le Wonderboy tout au long de sa carrière… jusqu’à ce qu’elle soit débauchée par Disney, quand la firme lui propose de devenir la présidente de Lucasfilm lors du rachat de l’entité. Elle accepte et devient de fait la big boss de tout l’univers cinématographique « Guerre des Étoiles ». Bref : ce n’est pas exactement n’importe qui.

On murmure alors que son projet n’est pas sans rappeler celui de nombre cinéastes indépendants d’Hollywood, connu sous le principe du « Un pour eux, un pour moi ». Comprendre : « Un film sans âme taillé pour plaire aux producteurs et ramener plein de pognon puis, grâce à ce crédit —dans les deux sens du terme— faire ensuite un film personnel et artistique. » En l’occurrence, tout porte à croire qu’au début du projet, Kennedy veut faire un épisode de la saga (les VII, VIII et IX) tous les deux ans, chacun parfaitement calibré, et les entrecouper de « spin-offs » plus expérimentaux, confiés à des réalisateurs plus audacieux, susceptibles de situer l’univers dans des registres et des tons différents, afin d’ouvrir l’avenir. Mais avec le premier spin-off, le réalisateur Gareth Edwards va trop loin. Son film, sombre et filmé à hauteur d’homme, est remonté en catastrophe pour séduire le jeune public. Au même moment, le réalisateur pressenti pour l’épisode IX, Colin Trevorrow, est dégagé pour être remplacé par le Yes-Man impeccable, J. J. Abrams, signataire de l’opus 7.

Et c’est là qu’intervient la magie sous la forme, probable mais non confirmée, d’un sursaut d’orgueil. Il est certain en tout cas qu’après ces nombreuses interventions, Kennedy laisse les coudées franches, totalement, tant sur plan de l’écriture que sur celui de la réalisation, à l’auteur des Derniers Jedi, Rian Johnson, dont la carrière ne compte alors, pourtant, que quelques épisodes de séries largement ignorées dans nos contrées, (à l’exception notable de trois épisodes de Breaking Bad parmi les plus acclamés, dont le très marquant « La Mouche »), et trois longs-métrages, dont deux méconnus seulement pourvus d’un succès d’estime. Le troisième étant le très réussi Loopers, une œuvre à suspense bourrée d’idées, servie par une vision cohérente, mais aussi un découpage et une lumière au cordeau, qui parvient à renouveler le concept de voyage dans le temps, ce qui n’est, les fans de science-fiction en conviendront, pas rien.

Disons-le : Rian Johnson livre alors un film. Pas un produit (du moins pas seulement), pas une « ride » de parc d’attractions (pas seulement), pas un énième récit des pérégrinations de la famille Skywalker (pas seulement). Oui, The Last Jedi est tout cela et oui, c’est bien plus que cela. C’est une œuvre, avec un propos, une vision exprimée en langage cinématographique. Un détail le dit mieux que toute analyse : dans Les Derniers Jedi, tous les personnages, sans exception, ont un arc. C’est-à-dire qu’ils partent de quelque part (émotionnellement, ou psychologiquement), et finissent ailleurs, autrement, différents. Leçon basique de cinéma, certes, pourtant régulièrement négligée dans nombre de productions populaires de divertissement, et au premier chef par les plus récents des films de super-héros (à quelques exceptions près, heureusement) issus justement de Disney ou de leur concurrent direct en la matière, les films D.C. de Warner Bros… ou par l’épisode 7.

Les Derniers Jedi, un film derrière les apparences

Loin d’être accueilli dans le même consensus mou que l’épisode précédent, Les Derniers Jedi divise, et sacrément. C’est, nous semble-t-il, parce qu’il dit quelque chose, et quelque chose qui touche, au plus profond de nous, les certitudes qui sont les nôtres.

C’est un film sur l’échec, sur la fin des anciens modèles, mais aussi sur l’énergie, l’enthousiasme et la jeunesse, et l’importance même de la liberté à faire des erreurs, à s’écarter des chemins tracés, puisque faire, c’est forcément, aussi, échouer. Ce ne sont pas des messages si souvent véhiculées dans le cinéma à grand spectacle. De plus, à l’inverse de tous les opus précédents, c’est un film qui fait le choix radical de n’être pas manichéen. Ces raisons, et celles que nous développons un peu plus bas, en font même, en réalité, un film profondément politique. Or il semble bien qu’en ces temps troublés, payer pour un film de divertissement et se retrouver confronté ou confrontée à l’échec, à la zone grise de l’humanité, à nos rêves brisés et au poids politique laissé aux jeunes générations par l’échec magistral de la précédente, échec dont les idéaux, le désir de faire le bien sont —insoutenable et insurmontable paradoxe— responsables (ça et une certaine apathie face au cours du monde quand il paraît plus fort que nous), ça ne fait pas plaisir.

[ATTENTION, SPOILERS]

Ce que nous dit, ce que nous crie même, sur tous les tons, malgré son ton policé tout le long du film, Les Derniers Jedi, c’est à quel point il est nécessaire, quand on est jeune, de s’inventer. Attention : pas de balayer d’un revers de main le passé, en le jetant uniformément aux oubliettes par orgueil ou amertume (c’est la dure leçon apprise par Kylo Ren, une leçon dont on peut supposer qu’il va simplement décider de la refouler, quitte à s’enfoncer un peu plus profondément dans la folie) : le final dit bien, et très clairement, l’importance de l’exemplarité et de l’inspiration.

Mais en dehors de cette nécessaire, et indispensable au psychisme humain, mystique, (au sens propre du terme), c’est une œuvre, répétons-le, profondément contemporaine et politique, et voici pourquoi : tous les mouvements politiques contemporains révolutionnaires expriment que ce qu’ils ont de plus révolutionnaire, précisément, c’est le fait même d’inventer, sans forcément savoir sur quoi ils déboucheront. D’expérimenter, de tester, à leur échelle, de nouveaux modèles, que ce soit de production ou de délibération politique. C’est l’énorme difficulté à laquelle sont confrontée les générations aujourd’hui arrivant à l’âge adulte : toute croyance idéologique est morte, et à raison. Ce sont les systèmes de pensée figés qui, en enfermant l’individu et sa pensée, et donc en forclosant la politique, mènent aux catastrophes (communistes comme néo-libérales). Comment construire à partir de cela ?

Les Derniers Jedi semble nous dire : en faisant. En agissant. Selon ses convictions, et un principe explicitement formulé : pour sauver ce qu’on aime, plutôt que lutter contre des ennemis. Ce qu’on aime : l’amour, le bien-être, la solidarité, la planète, les animaux, la vie, la lumière, la chaleur. Mais qu’on ne peut savourer, et défendre, que si l’on sait aussi, que si l’on a intégré, la banale réalité qui veut que leurs contraires sont partie intégrantes du monde. Que renier en nous le chagrin, la colère, la pulsion de mort, ou tenter de les chasser à jamais de la société pour construire un monde parfaitement utopique, comme faisaient —entre autres— les Jedi, ne mène qu’à la catastrophe. Une leçon durement apprise par des générations de militants de tous bords.

Enfin, c’est un film qui nous met chacun aux prises avec nos responsabilités dans un monde soumis au chaos. C’est le sens profond de la superbe scène où Rey se confronte à une vision. Là où le spectateur attend une révélation sur son origine ou sa destinée, notre héroïne se trouve confrontée au vertige sartrien de la liberté (elle n’est d’ailleurs pas imperméable au sentiment de nausée existentielle dans les scènes qui suivent), à la possibilité d’être tout, bien plus qu’être Jedi ou non, gentille et méchante, de même que nous pouvons être bien plus qu’hétéros, homos ou bis, athées ou croyants, socialistes ou libéraux, en couple ou célibataires, geeks ou intellos, et toute autre division codifiée, pour ne citer que celles de notre époque.

Le monde n’est pas binaire, la surprise advient, les individus évoluent, et c’est bon. Les plans les mieux établis échouent, les héros —et le bien— ne triomphent pas forcément. Le monde est un monde en train de se construire, et se déconstruire, irrémédiablement et, peut-être, pour toujours. Or, infiniment plus riches que nos traditionnelles divisions binaires sont les potentialités fascinantes de l’être humain. Des manières radicalement autres de nous voir et de nous comprendre nous-mêmes existent, et nous attendent. Comment vivre avec cette idée (nous sommes presque cérébralement forcés de mener nos vies, au quotidien, de façon binaire), et surtout comment construire un monde un peu moins injuste à partir de ces fils qu’il est presque surhumain de tenir ensemble ? Cette réponse, bien sûr, ni Rian Johnson, ni nous, ni nos maîtres, ne l’ont. Elle est à inventer, sans cesse. C’est là le lourd poids d’être humains, perdus dans un monde perdu et à nous indifférent. Mais, comme on le sait, il faut imaginer Sisyphe heureux.

[FIN DES SPOILERS]

Conclusion sous forme d’introduction

Aussi, si les passionnés ont à cœur de disséquer le film pour en « révéler » des « plot holes » (c’est-à-dire des erreurs logiques dans la narration), dont nous contestons l’existence même dans notre commentaire audio du film comme dans la playlist YouTube que nous avons consacrée à cette question ; et si nous soutenons que ce qui peut apparaître comme des maladresses est au contraire le fruit de choix tout à fait réfléchis et assumés, et d’une logique narrative dont nous n’avons plus l’habitude dans les films à grand spectacle (il s’agit au fond d’erreurs commises par les personnages eux-mêmes, erreurs misérablement humaines, inattendues, mais non pas irréalistes, lorsqu’on suit les pérégrinations de surhommes et de surfemmes), ces débats ne nous semblent être que l’écume générée par un tanker conceptuel soudain débarquant, de là où on ne l’attendait pas, au beau milieu d’une mer sans rides, ni oxygène, empoisonnée de bouts de plastique mortifères quoique colorés, qu’est le cinéma de Disney. C’est ainsi qu’il redevient pleinement, littéralement, un authentique mythe contemporain (peut-être seulement hélas jusqu’au prochain épisode). À ce titre, le rejet dont il est l’objet nous semble comparable à celui qui fut provoqué par les épisodes 2 et 3 de Matrix.

Entendons-nous bien : il ne s’agit pas d’un film à thèse, d’un film déterminé à prouver, ou même simplement à illustrer ces idées, que nous venons bien entendu d’y projeter. C’est simplement un film qui a les deux pieds, et la tête, dans notre époque, et qui l’exprime d’autant mieux que, d’après ses nombreuses interviews, Rian Johnson n’a pas eu à se censurer, ni dans l’écriture, ni dans la réalisation, ni dans le montage. C’est donc un film d’auteur, au sens plein du terme, et non pas une œuvre à message.

Insistons : cette cruelle incertitude, c’est sur elle qu’il faut reconstruire ; et c’est —hélas— à elle que nous allons de plus en plus être confrontés, et confrontées, à mesure qu’évolue ce monde, dont du passé tous les enseignements sont caducs.

Ce monde laissé à l’abandon, c’est-à-dire à nous seules et seuls, donc terrifiant, c’est le nôtre. Mais c’est bien parce qu’il est vide de tout qu’il est excitant.

Comme l’aurait dit Snake Plissken en débranchant d’un claquement de doigt tous les systèmes électriques de la planète dans le prophétique (et délicieusement série B) Los Angeles 2013 : « Bienvenue au pays des humains ».

Pour aller plus loin

Pour creuser encore un peu plus l’impact, le sens et les divisions provoqués par Les Derniers Jedi, nous vous invitons à consulter la critique du toujours excellent YouTubeur cinéma Durendal (dont l’avis est totalement opposé au nôtre), l’essai vidéo de Ascender Ops (un peu plus dans notre ligne), la totale liste des caméos dressée par Vanity Fair, celle de ses hommages au cinéma classique, compilés par WhatCulture, ou le « Honest Trailer » des Screen junkies.

Mais aussi, parce qu’à tout seigneur tout honneur : cette production de la team citée plus haut de Red Letter Media qui, dans son émission parodique « Nerd Crew », se moque allègrement des YouTubeurs fans épousant avec une constante régularité, plus ou moins malgré eux, l’énorme machine marketing de Disney (que nous venons nous aussi, nous le savons, de servir) et des ados attardés capables de passer des heures à parler, comme nous venons de le faire, de ce qui reste, au fond, une œuvre populaire de divertissement.

Et bien entendu, découvrez notre commentaire audio du film au bout de ce lien !