La K7 audio n’a pas rendu son dernier souffle ! Cette petite cousine du vinyle affiche même une progression loin d’être anodine : environ 130 000 cassettes vendues en 2016, soit 55 000 de plus qu’en 2015 (avec 43 % de ventes réalisées sur Internet). Beaucoup de disquaires indépendants n’ont d’ailleurs jamais cessé d’en vendre. Leur contact direct avec des artistes et des petits labels, souvent dans un contexte local ou régional, facilite la distribution de sorties en série limitées.
Alors que des majors surfent la vague en écoulant des rééditions (la cassette de Purple Rain se serait écoulée à plus de 3 000 unités), quelques artistes fascinés par l’objet et ses possibilités rejoignent régulièrement les rangs d’une niche dans la niche. Rien qu’aux USA, environ un millier de labels tentent de donner une nouvelle vie à la cassette audio, une grande famille d’aficionados baptisée « les K7eurs » par Tracks, l’émission d’Arte.
Le Do It Yourself permet non seulement d’adapter les projets aux budgets, mais aussi de lutter contre l’obsolescence programmée. On élabore son univers et parfois même ses propres instruments : K7 préparées, magnétos détournés… Les artistes manipulent l’ensemble sur scène et sortent des albums, évidemment sur bande magnétique. Certains, adeptes du recyclage conceptuel, enregistrent parfois leurs œuvres par dessus des originaux chinés en vide-greniers ou en brocantes, créant ainsi des produits décalés et uniques. Le contenu d’une conférence sur la parthénogénèse du poulpe en Australie occidentale pourrait alors être absorbée par un live de musique « Ambient » avec du « Field Recording » à base de sons de la mer…
Amulets, prince des cassettes
L’un de ces aventuriers s’appelle Randall Taylor, il vit et travaille à Austin au Texas. Cette ville, dont la scène « Hippie-Psyché-Punk » était assez cotée dans les années 1970, compte encore de nombreux musiciens, indépendants ou amateurs, qui animent régulièrement les bars du centre ville. À l’époque de la fac, Randall tombe accro de musiques instrumentales et écoute beaucoup de groupes post-rock, il bidouille aussi du « Circuit Bending » avec l’un de ses potes. Ils font des bruits étranges avec des instruments gadgets, des jouets qu’ils baptisent « amulettes ».
Lorsqu’il emménage à Austin, Randall ne connait pas grand monde, alors il bricole, essaie aussi quelques boucles sur cassette, et c’est la révélation : il voit immédiatement la possibilité de se produire sur scène sans avoir à utiliser un ordinateur.
« Pas mal de gens se servent du logiciel Ableton Live avec des contrôleurs, et c’est plutôt cool, mais pour mon projet je voulais essayer autre chose. Alors j’ai bricolé mes K7, j’ai fait des boucles, des « Drones », puis c’est l’effet boule de neige… »
En quête de son univers sonore, le musicien découvre petit à petit le son qui lui convient, celui qui correspond à ses entrailles. Lui qui a souvent rêvé de jouer de la musique « Post-Ambient » atterrit dans un registre sonore qui lui permet de créer son propre territoire, la marque de fabrique de son projet solo. Amulets : un artiste DIY.
« Je me sens super à l’aise avec ce son. J’ai exploré en profondeur les distorsions, les effets, la dynamique, toutes les combinaisons possibles pour produire mon son ambient drone. C’est une approche hybride entre le DJ, le musicien électronique et le guitariste… C’était vraiment fait pour moi !
Avant de se consacrer à l’ambient, Randall est à fond sur la « dark wave », et un peu sur la « witch house” (la Witch House, Drag House, Haunted House, émerge à la fin des années 2000. C’est un genre de musique électronique sombre et occulte qui s’inspire du Hip-Hop Chopped and Screwed, du Dark Ambient, de la musique industrielle et de l’expérimentation bruitiste, ndlr). Un jour qu’il est malade, il reste chez lui et enregistre un album Witch House sur Garageband. Il termine rapidement cinq morceaux qu’il sort sur Bandcamp. À sa grande surprise, les téléchargements sont nombreux.
« Comme je l’avais appelé « Amulets » je me suis dit que j’allais garder le nom. J’ai commencé à bricoler mes K7 à cette période, j’en ai fait quelques unes et j’ai tout vendu. Ensuite j’ai fait quelques concerts à Austin… »
Passion K7, Amulets en interview
Randall Taylor nous salue depuis chez lui, via Skype. Une petite pièce évidemment remplie de K7 lui sert d’atelier. C’est là qu’il élabore ses mantras analogiques et qu’il rêve de donner une série de concerts en Europe…
Houz-Motik. C’est donc dans cette pièce que tu bricoles ?
Amulets. Oui, c’est une passion qui prend un peu de place, mais c’est super !
Une passion qui nécessite de trouver un bon équilibre, tu vis avec quelqu’un ?
Je viens d’épouser ma femme.
Félicitations !
Merci ! Nous nous sommes récemment mariés, mais en fait nous vivons ensemble depuis six ans, et on vit dans cet appartement depuis déjà deux ans. L’atelier est tout petit mais l’espace me convient, c’est vraiment l’endroit où je souhaitais installer mon studio, c’est ma cabane, mon bunker à K7.
Comment entretient-on une relation à deux avec une telle passion ?
Comme tu le dis c’est une question d’équilibre, ça tient vraiment au fait d’avoir le bon partenaire et je l’ai trouvé, elle m’encourage dans mes activités. Je travaille à plein temps la journée, je rentre le soir, nous préparons le repas, on passe évidemment du temps ensemble, on discute, on regarde la TV… On a une vie normale quoi ! Elle se lève plus tôt et se couche avant moi, c’est là qu’il y a un espace-temps pour moi. Je devrais probablement dormir davantage, mais j’ai trouvé mon rythme. Entre 22h et 2h du matin je travaille sur mes K7 et j’enregistre. Cette petite pièce est vraiment parfaite pour ne pas déranger et ne pas être dérangé.
La K7 est fascinante, c’est l’un des premiers formats audio qui permet au grand public de s’enregistrer, pas seulement pour faire de la musique, mais aussi pour collecter toutes sortes de sons, des voix, des tranches de vie.
Oui, il y a tellement de choses, comme les cassettes de dictaphone par exemple, où les gens enregistrent des mémos vocaux. Ce qui est passionnant, c’est surtout le fait que beaucoup de cassettes n’étaient vraiment pas destinées à être écoutées par quelqu’un d’autre, c’était donc plutôt personnel, à part les mémos professionnels qui pouvaient être écoutés par un secrétariat.
Beaucoup sont passés au numérique… Quel est ton processus de création ?
Avant de faire du son, j’élabore un schéma audio avec le matériel et j’ai pas mal d’éléments vierges prêts à être utilisés. Je commence par créer une boucle sur une cassette. Pour cela j’ai crée une collection de différentes longueurs de bandes. Dans mes vidéos sur ma chaîne YouTube, on voit que j’utilise différents enregistreurs et chaque morceau que je crée nécessite au minimum deux K7.
La première est placée dans le magnéto 4 pistes sur ma gauche, elle est destinée aux sons drones de la structure. J’y enregistre des accords au clavier et cela me permet de faire évoluer la structure de mes drones. J’y ajoute des effets, de la reverb, du delay… Pour la cassette positionnée sur ma droite, j’utilise la même technique en samplant des parties de guitare ou du field recording. Je crée donc une structure assez complète, puis je joue de la guitare, avec laquelle que je peux aussi ajouter de nouvelles boucles à l’aide d’une pédale.
Je navigue entre tous ces éléments comme un DJ peut le faire entre différentes sources musicales, en y ajoutant des effets. Pour un morceau, je fais parfois plusieurs prises en improvisation, tard dans la nuit, mais c’est souvent les premières que je garde. Au bout de quatre morceaux, je vais me coucher. À une époque je consacrais pas mal de temps aux retouches mais depuis, j’ai un bon rythme de travail. J’ai élaboré mon setup pour à la fois jouer live et enregistrer, du coup je n’ai pas tellement besoin de refaire les choses et, même si je devais refais une prise dans la structure, les tonalités et les effets sont déjà là.
J’adore ta valise vintage « Suitcaseofdrone », elle est superbe et très pratique !
Merci beaucoup ! C’est un projet auquel je réfléchissais depuis un moment. Comment faire pour mettre autant de matériel dans un espace réduit, comment partir en tournée sans avoir besoin de quelqu’un pour porter le matériel, comment faire pour ne pas passer plus de 45 minutes à câbler l’ensemble ?
C’est réussi et ça colle bien avec l’atmosphère des cassettes.
Oui, les gens sont toujours un peu intrigués quand j’arrive quelque part et que j’ouvre cette vieille valise pleine de matos. Il y a un petit peu d’ingénierie car j’ai tout préparé en amont, du coup je connaît tout le matos et je sais comment l’utiliser. Je me challenge régulièrement, j’ai parfois deux ou trois nouveautés que je souhaite incorporer à l’ensemble, du coup c’est un « work in progress » et j’adore ça.
Tu envisages d’en avoir plusieurs ?
Je me suis dit que je pourrais en fabriquer une nouvelle, mais entre la valise de drone, la guitare, les effets de la guitare et le merchandising, ça commence à faire beaucoup. Je ne peux ne pas trop m’embarquer vu que je joue seul. J’ai un pote qui m’accompagne parfois en tournée, il me file un coup de main précieux mais c’est un projet solo et je ne suis pas tout le temps accompagné, je suis donc obligé de simplifier le truc au maximum. Côté musique il y a beaucoup d’improvisation, les répétitions sont autant de possibilités pour s’approcher vraiment de ce que je désire. J’essaie de mémoriser au mieux les structures d’origine pour donner une version proche du morceau de base. Je travaille aussi beaucoup les transitions entre les morceaux afin de créer un set dans sa globalité. C’est un challenge très stimulant.
Tu joues à Austin, et tu tourne un peu ailleurs ?
Oui, quand je suis arrivé ici j’ai passé pas mal de temps à tout mettre en place, à faire ma musique, à rencontrer les gens. Je vais aussi parfois plus loin, c’est super agréable de prendre la voiture pour tourner, faire l’aller-retour à Los Angeles par exemple. Chaque tournée est bénéfique, je m’améliore à chaque fois, le public est de plus en plus nombreux, c’est super.
Tu n’utilises pas ta voix sur ta musique
Jamais.
Tu pourrais pourtant l’habiller avec les nombreux effets…
Oui j’y ai pensé, mais la musique instrumentale est plus importante pour moi, j’ai d’ailleurs commencé par la guitare instrumentale. Je n’ai peut-être pas assez confiance en moi mais, de toute façon, je ne me sens pas prêt pour écrire des textes, et les chanter. Cela me demanderait d’organiser une nouvelle valise pour la partie chant (Rires) ! Je me sens vraiment bien avec mon setup actuel, c’est un super compromis et je ne vais pas le changer tout de suite. Si je devais ajouter ma voix, ce serait pour un projet totalement différent.
Analog boy
Tu joues pour des salles spécialisées ? Ou dans tout genre de lieux ?
J’ai joué dans des lieux où se produisent des artistes rock indé, et j’essaie aussi de jouer dans des centres culturels, des centres d’art, des lieux plus propices aux musiques ambient, expérimentales… J’ai évidemment joué dans beaucoup de bars mais ce n’est pas toujours le lieu idéal pour faire de la musique drone, les gens sont plutôt là pour boire un coup, passer du bon temps… J’ai déjà eu droit à des réflexions du style : « C’est ennuyeux, tu nous endors » ! En fait, le public des bars est souvent dans l’attente d’un truc un peu plus fun (Rires).
Tu devrais superposer ta musique avec des enregistrements live de leurs discussions, ce serait peut-être plus marrant.
« Ambient Space Room » avec participation du public, ça peut être drôle.
Ça pourrait les rendre dingues… Il y a un réseau pour les artistes ambiants ?
À Austin, j’ai des potes musiciens qui ont d’autres copains dans ce registre, mais Internet me procure une bien plus grosse communauté, et davantage d’artistes impliqués dans un univers proche du mien. Je reçois beaucoup d’emails de personnes qui me disent que j’ai inspiré leur travail, et qu’ils travaillent désormais avec des boucles sur cassettes, notamment la jeune génération, celle qui n’a pas connu les magnétos 4 pistes. Ils n’ont connu que le MP3, au mieux les CD, alors les K7 c’est nouveau pour eux, il me demandent souvent des conseils. C’est pour cela que j’utilise beaucoup Youtube, et je vais continuer à le faire. Pas uniquement pour y partager mes travaux, mais aussi pour mes tutoriels. Je synthétise assez bien ce que j’apprends et j’aime transmettre, du coup il y a un bel échange.
C’est une belle manière de travailler. Tu réalises tout en DIY, étape par étape, et ces vidéos constituent un auto-documentaire… D’ailleurs tu reste fidèle à la bande avec la vente en K7 VHS de ton mini documentaire « Suitcase of Drone Tour » !
Oui. Entre Youtube, Instagram, les réseaux sociaux, j’essaie de faire vivre ma musique, et d’en expliquer le processus. Je pense que c’est suffisamment intéressant pour que je le fasse. On souhaite toujours savoir comment tel musicien utilise tel instrument, ou comment il fait tel son… Je me pose souvent la question pour d’autres artistes, alors pourquoi ne pas le faire avec mon travail, d’autant qu’il a une demande. Hormis quelques personnalités, qui ne représentent pas la majorité d’entre nous, les artistes ambiants et drones évoluent dans une sphère obscure, un peu à l’écart du mainstream, et surtout loin de la célébrité et de l’argent. C’est une communauté qui aime partager ses créations, ses idées et ses trucs. Je croise souvent des collégiens qui me demandent « C’est quoi ton truc, comment tu fais ça ? ». Du coup je fais des vidéos explicatives et ça marche plutôt bien.
Ton processus est comme une méditation, du yoga pour le cerveau ?
Oui, et c’est un peu le résultat de ce qui m’est passé par la tête ces dernières années. Je ne te dirai jamais « Oh tu sais, j’ai toujours été dans le drone musique ! ». Je n’en jouais pas, je faisais autre chose avec d’autres musiciens, et ils m’ont beaucoup influencé pour en arriver là. D’un point de vue personnel c’est super-intéressant. Avoir conscience du chemin parcouru, c’est très cool.
Tu travailles avec des magnétos à plusieurs pistes, quel est ton favori ?
Un jour, un copain qui me voyait bricoler des K7 m’a apporté un Tascam 414 en me disant « Il ne fonctionne plus, tu peux y jeter un œil ? ». Je travaille en DIY, je fais du circuit bending et je bricole pas mal, alors j’ai pu le réparer. Ensuite j’ai bidouillé et… j’ai adoré ! J’aime beaucoup le 414 car il a plein de fonctions. D’ailleurs, c’est un peu le cœur de mon système, ensuite j’y ajoute de la reverb, du délai et d’autres effets. Il y a aussi une autre entrée où je peux ajouter d’autres magnétos, ensuite je branche la guitare… Le magnéto est un player, un mixer, un processeur de boucles d’effets… En fait c’est bien davantage qu’un simple enregistreur 4 pistes. Le 414 est mon préféré, et vu qu’il est au cœur du projet j’en ai acheté un second récemment, un Tascam 414 MKII afin de pallier toute défaillance. S’il y a une panne, je peux encore jouer.
Ce genre de matos est encore bon marché aux US ?
De moins en moins, c’était vraiment moins cher avant. J’ai peut-être contribué à faire remonter la cote (Rires). Pas mal de gens veulent se lancer, ils me disent : « J’ai vu tes vidéos et je veux des 4 pistes, où puis-je en trouver ? ». J’en ai encore acheté un sur Ebay l’autre jour, on en trouve pas mal, sur Craiglist aussi, mais tout dépend de leur état… J’ai le 414, le 414 MKII, le Porta 02, un second Porta 02 que j’utilise au studio pour enregistrer des boucles. J’ai aussi un (Rires)… En fait j’ai un troisième Porta 02 que l’on m’a donné pour réparation. Je dois avoir six Tascam en tout.
Pense à ouvrir une boutique !
Ouais ! (Rires). Je ne sais pas si je vais pouvoir réparer celui-là, j’ai trouvé les instructions sur la procédure à suivre, mais je ne suis pas certain d’y arriver… Le truc, c’est qu’ici les gens pensent que je suis un spécialiste, du coup ils me demande toujours des conseils, et des réparations.
Et ça te fait davantage de boulot, en plus du tien…
Oui ! La journée je suis développeur web et designer graphique, je fais des sites internet, des trucs de ce genre. En gros, la journée je fais du code et le soir de la musique. Je passe des ordinateurs aux K7 (Rires). C’est une vie qui se déroule entre le digital et l’analogique, cet entre-deux fonctionne bien, mes K7 analogiques sont parfois sous les effets d’appareils numériques.
Cela me fait penser à l’un des pseudonymes d’Erykah Badu, « Analog Girl in a Digital world ». Cela marche aussi pour toi, enfin… en garçon.
Oui oui, je me sens davantage Analog Boy que Analog Girl ! (Rires).
The times they are a-audio-tapin’
Tu participes à des master class autour de la K7 ?
Non, mais j’aimerais enseigner, peut-être avec des cours en ligne car le succès de mes tutoriels YouTube me laisse penser qu’il y a un créneau à prendre. Je ne dis pas que je vais en faire une activité qui me permet d’en vivre, mais plus je donne et plus de personnes viennent à moi. Si je peux aider et que cela m’aide à payer une partie du loyer, c’est parfait. Je vais voir si la sauce prend…
Tes collègues de boulot, en journée, savent ce que tu fais le soir ?
Je n’en parle pas tellement. Parfois certains me demandent ce que je fais en dehors du boulot, si je fais de la musique, je dis « ouais… », et quand ils insistent pour en savoir plus, j’utilise un ensemble de mot comme « ambient drone post-rock, expérimental ». Ils me demandent parfois d’expliquer l’utilisation des K7, j’ai un peu l’impression d’avoir une double vie. Le mec clean dans l’informatique en journée, et le mec aux K7 un peu obscures le soir.
Non, plutôt un super héros de la K7.
« Tape Loop King » ou… tout ce que tu veux (Rires). Je jongle entre tout cela, c’est amusant. Parfois ma femme me souhaite bonne nuit du style : « Éclate-toi bien avec tes K7 durant les cinq prochaines heures ».
Tu fais tout de A à Z. Préparation, production, composition, enregistrement, live, vente d’albums, design, packaging, merchandising, films, montage, promotion… Cet univers est une petite entreprise !
Oui, je fais tout pour Amulets. J’ai une dizaine d’envois à faire aujourd’hui. Souvent le soir, après le dîner, je prépare les paquets pendant qu’on regarde un film. Je consacre presque autant de temps à ma vie professionnelle en journée qu’à ma passion, c’est beaucoup de travail.
D’un point de vue métaphorique, tes K7 sont des amulettes ?
Un peu oui, disons que c’est devenu un symbole au fil du temps, ces cassettes sont devenues des protections contre les mauvais esprits, et probablement contre mes propres fantômes, dans une vision plus profonde qu’elles l’étaient au départ. Ce que je fais avec Amulets me protège de tout le reste… Je mets le meilleur de mon esprit quelque part dans ces K7, et elles me protègent des agressions de la vie.
Tu sembles très heureux.
Oui. et cela m’apporte beaucoup, même si j’y consacre énormément de temps. J’adore ça. Je suis très heureux. Je pourrais sûrement faire des trucs plus utiles, mais je n’ai pas l’impression de perdre mon temps avec ce projet, c’est une passion sérieuse et épanouissante.
Quelques sorties à venir ?
J’ai toujours deux ou trois albums d’avance. J’ai sorti ma musique sur certains labels de K7, alors je reste en contact avec eux, mais aussi avec d’autres. J’adore un paquet de label, je les soutiens et ça me plaît d’en faire partie. Je me dis parfois que tel album est pour tel label, que le suivant est pour un autre… Je ne sais pas encore lequel va sortir en premier, j’ai un projet pour le label Dinzu Artefacts avec des sons étranges de téléphone, de « field recording ». C’est un peu moins musical que mes précédents projets mais cela devrait sortir rapidement maintenant.
J’ai aussi une petite collection de plusieurs enregistrements qui ne sont jamais sortis, même pas sur des face B. D’ailleurs, je réfléchis à sortir une K7 faces B un peu weird avec des inédits et des trucs récents. J’ai récemment trouvé des vieilles K7 un peu loufoques et… (Il cherche sur son bureau), ah voilà ! Je pense que celle-ci fera parfaitement l’affaire, ça s’appelle : « Manifestations Sexuelles Part II ».
(Rires) Cool !
Je pense enregistrer un album par-dessus cette cassette et la vendre dans son jus, c’est inspirant ce genre de projet, façon face B. Je ne sais pas encore vraiment quand je le sortirai, je jongle toujours entre plusieurs idées.
Que peut-on te souhaiter, as-tu encore des rêves ?
Tout va très bien, et je suis ravi. Mais si c’est possible, j’aimerais bien sortir un disque vinyle, ça me changerait un peu, c’est certes plus cher… J’aimerais davantage développer Graveyard Orbit, mon label, travailler avec d’autres labels un peu plus importants, mais surtout j’adorerais venir jouer en Europe !
Il y a des trucs qui se passent à Londres et à Paris, pas mal de gens en France et en Allemagne, ou en Angleterre, m’ont demandé si je venais bientôt… Je suis toujours désolé de leur dire « Non, pas encore… ». Je souhaite vivement faire une tournée en Europe, c’est un grand rêve que j’espère réaliser prochainement. Seul, et ici, je n’ai pas les moyens d’organiser tout cela, je n’ai pas les contacts, mais ce serait cool de trouver une personne qui pourrait le gérer pour moi. Ce serait tellement cool de venir jouer pour des salles, des festivals ailleurs qu’aux USA. J’ai aussi l’impression que la scène ambiante est bien plus développée en Europe.
C’est ta prochaine étape…
Oui, je le souhaite… « Il y a quelqu’un qui veut me faire jouer en Europe ? » (Rires). Si tu connais des gens, n’hésite pas à me les envoyer, je trouverai facilement le temps de venir !
Pour plonger dans l’univers d’Amulets, c’est par ici.
Cet été, fin juillet 2017, Amulets quitte le Texas pour l’Oregon. Randall et sa femme s’installent à Portland. En attendant de découvrir ses productions sous l’influence du pacifique, on laisse Randall bricoler dans son atelier, en compagnie de son ami « Tape Cat ».