Lorsqu’on parle de cinéma et de virus, quelques œuvres viennent rapidement en tête : Contagion, l’Armée des 12 Singes, 28 Jours plus tard, mais aussi les moins brillants World War Z ou Resident Evil… Pourtant, d’autres films cochent parfaitement les cases du thème de la contamination. Avec, disons, plus de tripes, d’audaces ou de style.
En voici une sélection parfaitement subjective, à la manière d’une mise en abyme cinématographique de l’actualité. Attention : celle-ci n’a pas pour but d’inciter nos lecteurs à sombrer dans la panique, mais plutôt de les encourager à (re)découvrir quelques longs-métrages du genre, pour profiter des qualités visionnaires et cathartiques de ce dernier.
Ces films sont cependant fortement déconseillés aux moins de 12 ans et aux âmes sensibles !
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Virus (復活の日, Le jour de la résurrection, 1980) : film post-apocalyptique japonais réalisé par Kinji Fukasaku.
L’histoire : en 1982, une pandémie effroyable appelée « grippe italienne », extermine la quasi-totalité de l’humanité. Seuls les habitants des bases internationales situées en Antarctique sont épargnés par la contamination.
Tandis que les survivants s’organisent, ils découvrent qu’un séisme menace de déclencher les tirs nucléaires automatisés… Décidément !
Pourquoi le regarder ? Tout d’abord, pour se délecter de “la gestion de la poisse”, ensuite parce qu’il est rare. Enfin, parce qu’il est désormais dans le domaine public.
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Rage (Rabid, 1977) : film américano-canadien réalisé par David Cronenberg.
L’histoire : gravement blessée lors d’un accident de moto, Rose est opérée dans une clinique privée spécialisée en chirurgie esthétique. L’établissement expérimente de nouvelles techniques de greffes de peau, Rose sert de cobaye. À son réveil, elle se découvre dotée d’un étrange appendice situé sous son aisselle, et d’un irrépressible besoin de pomper du sang (évidemment humain) avec un dard rétractable…
Elle mue et contamine ses victimes, qui animées de pulsions d’une extrême violence, cherchent à leur tour du sang. C’est le début d’une folle épidémie de rage. La loi martiale est décrétée.
Pourquoi le regarder ? Parce que Rage (qu’on peut trouver un peu là, mais on ne vous le dira pas), le deuxième long-métrage de Cronenberg après Frissons, dénonce le non-respect de la nature par l’Homme, et marque la naissance d’une œuvre incroyablement engagée. Un délice, tout comme le commentaire audio de l’auteur.
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La Nuit des fous vivants (The Crazies, 1973) : film américain réalisé par George A. Romero.
L’histoire : un produit chimique nommé « Trixie » est déversé dans une rivière après le crash de l’avion militaire qui le transportait. Une ville alimentée en eau par cette rivière, du nom de Evans City, voit ses habitants sombrer dans la démence et décimer familles et amis. L’armée intervient pour mettre le village en quarantaine, quitte à exécuter ceux qui ne s’y plieront pas…
Pourquoi le regarder ? Parce que, fort heureusement, on n’en est vraiment pas là, mais qu’il peut être nécessaire de renouveler sa motivation à ne pas bouger de chez soi.
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Le Mystère Andromède (The Andromeda Strain, 1971) : film de science-fiction américain réalisé par Robert Wise.
L’histoire : fidèle adaptation de La Variété Andromède, le roman de Michael Crichton, qui raconte la propagation d’un virus extraterrestre après le crash d’un satellite, causant la mort de la presque totalité des habitants d’un village. Quatre scientifiques vont tenter d’identifier et d’isoler le virus, avant que ce dernier ne puisse se propager à la surface du globe…
Pourquoi le regarder ? Pour soutenir les scientifiques du monde entier !
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Cabin Fever (2002) : film d’horreur américain réalisé par Eli Roth.
L’histoire : une bande de jeunes loue une cabane dans la forêt afin de fêter la fin de leurs études, et de profiter des derniers jours de liberté avant d’entrer dans le monde dit des « actifs »… La fête tourne au cauchemar quand un ermite fait son apparition : il est infecté par un mystérieux virus qui le pousse à dévorer les chairs de ses victimes !
Pourquoi le regarder ? Parce qu’ Eli Roth a été inspiré par une maladie génétique de la peau, le Psoriasis, dont il est atteint. Le film aborde ainsi les thèmes de la maladie, de la peur et de la détérioration de l’amitié lors d’épreuves extrêmes…
Pour les aficionados, il y a eu deux suites : Cabin Fever: Spring Fever (2009) réalisé sans jamais sortir en salle de cinéma, puis Cabin Fever: Patient Zero (2012), directement sorti en vidéo en 2012, ainsi qu’un remake, sorti en 2016.
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Virus (1999) : film américain réalisé par John Bruno.
L’histoire : d’après la série comics éponyme de Dark Horse Comics, publiée en 1992, écrite par Chuck Pfarrer et dessinée par Howard Cobb. Le navire de recherche scientifique russe Akademik Vladislav Volkov vogue dans le sud de l’océan Pacifique. Il est en contact avec la station Mir. Les cosmonautes aperçoivent un étrange nuage électromagnétique qui s’approche rapidement d’eux. Les éclairs traversent la station détériorant le matériel et brouillant les liaisons avec le Volkov. Il se propage jusqu’au bateau en passant par la liaison et provoque les mêmes dégâts sur le Volkov…
Pourquoi le regarder ? Parce que les effets spéciaux ringards vont ravir les amateurs du genre et séduire les néophytes, mais aussi parce qu’il n’est pas indispensable de prendre des antidépresseurs pour l’apprécier.
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Le Survivant (The Omega Man, 1971) : film américain de science-fiction réalisé par Boris Sagal.
L’histoire : Los Angeles, 1977, Robert Neville, un ex-médecin militaire, est l’un des rares survivants d’une guerre biologique entre l’Union soviétique et la Chine ayant tué la plupart de la population humaine en raison d’une épidémie mondiale qui a suivi, mais contre laquelle il était immunisé grâce à un vaccin expérimental, le 93-B71, qu’il avait fabriqué et s’était lui-même injecté…
Un air de déjà-vu ? Après l’excellente version de Ubaldo Ragona et Sidney Salkow – et la plus récente de Francis Lawrence Avec Will Smith – c’est la deuxième adaptation cinématographique de Je suis une légende (1954), le roman de l’écrivain et scénariste américain Richard Matheson.
Pourquoi le regarder ? Parce qu’on est pris de frissons et que Charlton Heston y est purement magistral ! Notre conseil : regardez-le dans la foulée de Soleil Vert, puis passer un coup de fil à vos ami·e·s pour prendre de leur nouvelles.
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Contact mortel (Warning Sign, 1985) : film de science-fiction-horreur américain, réalisé par Hal Barwood.
L’histoire : un laboratoire militaire secret, opérant sous le couvert d’un fabricant de pesticides, est contaminé par une virulente bactérie destinée à rendre les victimes fous à lier et à les transformer en tueurs…
Pourquoi le regarder ? Ce modeste film, tombé dans les oubliettes, se positionne néanmoins comme un point de départ à des blockbusters tels que World War Z. Il est par ailleurs réalisé avec une certaine rigueur scientifique sur le thème de la contamination.
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Le Pont de Cassandra (The Cassandra Crossing, 1976) : film catastrophe italo-britannico-germano-français réalisé par George Pan Cosmatos.
L’histoire : à la suite d’un vol dans un laboratoire, les passagers du train Genève – Stockholm se retrouvent exposés accidentellement à une maladie mortelle, très, très, mais alors très contagieuse…
Pourquoi le regarder ? Un train, un viaduc (français), Richard Harris, Sophia Loren et Lionel Stander, qui d’ailleurs s’appellent respectivement Jonathan, Jennifer et Max comme dans la série TV Pour l’amour du risque (où Stander interprètera Max, le fidèle domestique des « justiciers milliardaires » Jonathan et Jennifer). Quelques risques de somnolences sont à prévoir après le dîner, mais bon : un train, un virus, un viaduc… Tout de même !
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Planète Terreur (Planet Terror, 2007) : film d’horreur américain réalisé par Robert Rodriguez.
L’histoire : un groupe de militaires arrive dans une base militaire du Texas, dirigée par le lieutenant Muldoon. Lors d’une transaction commerciale avec l’ingénieur chimiste Abby, pour une grande quantité d’un agent biochimique mortel, le DC2 (nom de code Terror Project), l’opération tourne mal et Abby libère volontairement le gaz dans l’air… Les malades se multiplient et deviennent des zombies assoiffés de sang…
Pourquoi le regarder ? Pour le brillant hommage de Robert Rodriguez et de Quentin Tarantino aux films de « Série B » ; parce que ce film, aux effets spéciaux goulûment grotesques, est un peu tombé dans l’oubli ; pour le jeu des acteurs ; pour le cliché de l’érotisme ; pour admirer Tarantino perdre ses parties génitales ; mais surtout parce que les histoires d’amour finissent mal, en général…
Enfin, puisque la contamination est sur pratiquement toutes les langues en cette période de confinement, et parce qu’il ne faut pas constamment coller ses yeux aux écrans, ressortez donc Pandémic ! Ce jeu, au-delà de coller à l’actualité, est l’occasion parfaite de passer un moment en famille ou entre colocataires, particulièrement pour développer la valeur solidarité.