L’été vient de passer le relais à l’automne, les nuits et les matinées se font plus fraîches. Celles et ceux qui, de bon matin, ont repris le chemin du boulot ou de l’école le savent bien. Dans peu de temps les foulards feront des aller-retours entre les gorges et les sacs, avant que les écharpes ne s’incrustent autour des cous. Une saison qui ne nous dispense pas d’avoir envie d’agir en faveur d’un climat pas trop, s’il-vous-plaît, si c’était possible, chaotique.
On peut rechigner lorsqu’on reprend la routine, mais moins si l’on s’accompagne d’une playlist imaginée pour l’occasion. Pour celles et ceux qui ne sont pas du matin, mais aussi pour les grognons irréductibles et les diabétiques de la mélancolie, on a fait le plein de munitions, de quoi tenir jusqu’à la Toussaint. Spéciale dédicace à qui ne se remet pas de ses vacances, qu’elles aient été idylliques ou désastreuses. Et câlins à qui, la voix encore enrayée d’une nuit trop courte, grommelle un « vivement la retraite », quel que soit son âge.
L’écoute de ces morceaux méticuleusement sélectionnés par la rédaction est un voyage pour amateurs et amatrices d’onirisme. En ouverture : VHS, l’album de la rentrée signé Castlebeat. Un voyage au sens propre comme figuré, puisque les chansons de ce disque Lo-Fi DIY Goth Pop ont été écrites en Californie, avant d’être finalisées sur la côte Est des États-Unis, l’artiste demeurant désormais à New York. On ne connaît pas la raison exacte de ce changement géographique, mais on est certain que ses compositions sauront s’inspirer de l’aspect vivifiant de la ville… notamment en hiver.
Nu Guinea prend le relais d’un rythme chaloupé, ni rapide ni lent, un brin coloré mais pas trop, dynamique mais pas agressif, idéal pour affronter les transports en commun. Chris And Cosey vous accueillent au boulot, versant dans votre boisson chaude quelques gouttes d’un esprit d’aventure dont ils ont le secret, la potion supprime illico les sensations de jambes lourdes, parfait pour flotter en bossant, ou bien le contraire… S’ensuivent de douces ballades afin d’anticiper le choc du nombre de courriels reçu, et c’est là qu’intervient Monsieur Milton, sa savoureuse reprise de « Take On Me » (le tube de Aha) vous permet de classer le courrier en un rien de temps (>DELETE ALL), et même de répondre aux messages importants dans la bonne humeur. L’arrivée de Fog Lake vous inspire peut-être de prochaines vacances au Canada, à moins que Dengue Dengue Dengue ne vous oriente vers l’Amérique du Sud.
Il s’en est fallu de peu : DUETT a failli détrôner Castlebeat dans l’obtention du titre honorifique de disque du moment. Alors que le schisme menaçait et que montait de plusieurs degrés la température dans le bunker (ce qui n’est jamais recommandé), on a mis « Des Bisous Partout » de MUNYA. La « Team Scission » s’est désormais inscrite au cours de Yoga dispensé par la patronne du bunker voisin.
Mais la rentrée, c’est aussi des sorties. Les tracks qui les accompagnent entrent parfois dans l’histoire : « Mirapolis » de Rone, remixé par Laurent Garnier, pourrait en faire partie. Certains artistes, déjà emblématiques, s’inscrivent dans le marbre et entament un voyage éternel : c’est le cas de Kora aka Olga Sipowicz, brillante artiste polonaise au sein de Maanam qui, le 28 juillet dernier, tira sa révérence.
Ce voyage musical c’est aussi l’exotisme de Dur Dur Band, Forfluky qui reprend Daho, la pop de The Elephants et de Sunjacket, la brume de Julee Cruise, peut-être inspirée par les accords du thème de Twin Peaks. C’est également l’hommage de Sufjan Stevens à Tonya Harding, dont le biopic sortait en début d’année, mais aussi un aller-retour en 1984, où Mariya Takeuchi fait état de son amour du plastique, ce qui nous amène à rappeler qu’encore aujourd’hui le préservatif protège des MST et IST.
La suite s’écoute en compagnie de Saddle Creek, Slow Pulp, Supertramp, Wyatt Smith, Ray Charles, Keeled Scales, Radiohead (dans une cover de Neil Young), et l’on termine avec Yves Simon, un titre à la fois dans le temps et hors du temps, Diabolo Menthe s’accordant à toute rentrée.