L’I. A. aide l’humain
Voilà plusieurs mois maintenant que le coronavirus, les élections américaines et les déchirements nationaux écrasent les informations, prennent toute la place dans nos journaux et se repaissent de notre attention qui, occasionnellement, n’arrive qu’à s’attacher à un méga-feu par ici, ou une guerre commerciale par là.
Pendant ce temps-là, les problèmes endémiques de notre civilisation demeurent parmi nous, les pieds bien fichés dans le sol. Ainsi de la faim dans le monde que, fut un temps, l’on crut sur le point d’éradiquer.
En dépit des formidables progrès technologiques effectués ces dernières décennies, des colossales fortunes amassées sur tous les continents, des promesses sans cesse renouvelées des politiques, la cause semble toujours autant perdue.
Au contraire, tout continue, comme est venue le rappeler récemment une carte actualisée en temps réel, fruit de la collaboration entre le Programme Alimentaire Mondial des Nations Unies (PAM) et la fondation d’AliBaba, (l’équivalent chinois d’Amazon), venue apporter au projet son expertise technologique et ses moyens.
“Cette carte en temps réel n’est que le premier pas dans notre lutte conjointe contre la faim et la malnutrition », s’est engagé le Président de la Fondation AliBaba Lijun Sun lors de l’annonce officielle de l’initiative.
« Elle sera un bien public mondial, une ressource en ligne à destination de toutes celles et tous ceux qui veulent agir », résumait de son côté l’économiste en chef du PAM, Arif Husain. « L’insécurité alimentaire est généralement mesurée de manière statique, alors qu’elle est dynamique, qu’elle évolue en permanence. Cette technologie [reposant essentiellement sur l’intelligence artificielle, NDLR] donne une vision globale des besoins alimentaires quotidiens. C’est une révolution. »
« Une sonnette d’alarme quotidienne et visuelle, un cliché instantané du problème, qui nous rappelle, à tous et toutes, ce que nous avons à faire pour terrasser la faim », conclut le Directeur Exécutif du programme onusien, David Beasley.
La vie nous attend
Les causes de cette tragédie continue sont bien connues : les conflits, la spéculation, le poids de l’agrobusiness, le gaspillage alimentaire, à quoi s’ajoutent les catastrophes climatiques et la disparition de la biodiversité, comme le résume le Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement, dans une concise infographie.
Autrement dit, des problèmes essentiellement politiques et humains. Ce qui explique que, pour l’ingénieur et économiste Bruno Parmentier, il demeure possible d’éradiquer définitivement ce phénomène, comme il le rappelle dans Faim Zéro – En finir avec la fin dans le monde. « Faim Zéro », c’est aussi l’un des « objectifs du millénaire » des Nations Unies, dont les agences dédiées rappelaient, en 2015, qu’il suffirait de 267 milliards de dollars par an, soit 0,3 % du PIB mondial, pour l’atteindre.
Car il est, oui, possible encore et toujours de nourrir l’humanité : la surpopulation n’est pas un problème.
En attendant qu’agissent les démagogues et sociopathes qui, parfois avec notre soutien, nous dirigent, chacune et chacun d’entre nous peut contribuer à sauver quelques vies, par exemple par un don financier à l’une des ONG de terrain, récapitulées sur cette page par « l’agence digitale engagée » One Heart.
Une fois de plus, ce n’est pas la planète qu’il faut sauver de nous : c’est nous, et de nous-mêmes.