Postapmag vous propose deux manières de célébrer le demi-siècle du Summer Of Love. La première est de se rendre là où est née cette contre-culture aventureuse et colorée, afin de visiter l’expo Summer of Love : Art, Fashion et Rock & Roll du musée De Young à San Francisco. Mais si ça vous paraît un peu loin, rendez-vous au Hang’art à Paris pour une autre expo : « Summer Of Love, 50 ans ».
Un été à San Francisco
Afin de fêter dignement les cinquante ans du Summer Of love la ville organise de nombreuses festivités culturelles étalées sur l’année, soit environ 200 événements : concerts, danse, art, photo, sans compter les célébrations de quartier. Il y a des expositions dans plusieurs lieux, mais c’est celle du musée De Young, fondé en 1895 dans le Golden Gate Park, qui retient notre attention.
L’expérience Summer of Love : Art, Fashion et Rock & Roll est en place jusqu’au 20 août et est constituée de nombreux supports et de pièces uniques : plus de 300 artefacts culturels d’époque, dont près de 150 objets issus des grands musées des Beaux-Arts et de prêts de collectionneurs éclairés, de quoi en prendre plein les yeux et plein les oreilles !
Au milieu des années 1960, des étudiants, des artistes, des militants, des écrivains et des musiciens, souvent des jeunes pour la plupart issus de la culture hippie, convergent vers Haight-Ashbury dans l’espoir de créer un nouveau paradigme social.
En 1967, le quartier attire jusqu’à 100 000 jeunes Américains venus de tout le pays pour vivre cette aventure.
Le quartier devient le camp de base de leurs activités, tout proche de leur aire de jeux, le Golden Gate Park. Ils y vivent d’amour, d’herbe fraîche et de LSD, avec pour doctrine le partage total : « Peace & Love » ! Chacun découvre la gratuité de la nourriture et des soins. Vicki Pollack appartient aux Diggers (1966 – 1969), un collectif pionnier de la démarche des restos du coeur. Ensemble, pendant deux ans, ils distribuent de la nourriture provenant des surplus de restaurants et de supermarchés, préparée dans leurs cuisines communautaires. L’utopie domine, personne n’est capable d’imaginer que cinquante ans plus tard un président américain s’emploie à abroger un système de protection sociale tout juste mis en place par son prédécesseur…
La période est marquée par une forte créativité et des développements novateurs dans l’art, la mode, la musique et la politique. Elle voit émerger les groupes locaux Jefferson Airplane et Grateful Dead, les pionniers de ce qui allait devenir le son de San Francisco. La musique de l’époque trouve son équivalent visuel dans la plupart des industries créatives qui ont surgi dans toute la région.
Les créateurs d’affiches de rock tels que Rick Griffin, Alton Kelley, Victor Moscoso, Stanley Mouse et Wes Wilson ont généré un ensemble riche et passionnant d’œuvres distinctives aux couleurs vibrantes, distordues à la main, dont certaines valent désormais plusieurs milliers d’euro. Les travaux de mise en lumière des talentueux Bill Ham et Ben Van Meter ont par ailleurs marqué l’expression de la nouvelle impulsion psychédélique, trouvant aujourd’hui un indéniable écho dans les techniques de VDJing.
Les designers locaux ont créé des looks fantastiques avec une importante gamme de techniques et de matériaux : cuir, peinture à la main, tricot et entretoise, broderie, denim réutilisé et crayon à cravate. Parmi ces innovateurs : Birgitta Bjerke alias 100% Birgitta ; Burray Olson ; Jeanne Rose et Mickey McGowan alias le Apple Cobbler dont les bottes cristallisent tout particulièrement cette période !
Affiches et posters iconiques, photographies d’époque, textiles, tenues agrémentées de tops en crochet, franges en daim, tie and dye (ou ombré hair : technique de coloration capillaire qui consiste à garder sa couleur naturelle au niveau des racines jusqu’à mi-longueur environ, puis à afficher une autre couleur sur le reste du cheveu et sur les pointes), musiques interactives, spectacles lumineux et films d’avant-garde, tous les emblèmes du Summer Of Love sont rassemblés afin de documenter l’état d’esprit hippie à l’été 1967.
L’expo, qui commémore la contre-culture et son mouvement social et esthétique propre à San Francisco, rappelle également à ses visiteurs qu’en période de bouleversement international, la ville a amplifié le pouls de la nation et joué un rôle vital dans l’évolution de la société, notamment dans son engagement contre la guerre du Vietnam.
La culture a connu un grand bouleversement alimenté par l’espoir d’un changement social, mais que reste-t-il de 1967 ? Un état d’esprit, visionnaire et ouvert sur les nouvelles technologies, certains mouvements lancés à l’époque se sont très bien développés. L’écologie est un bon exemple : San Francisco ambitionne d’être une ville zéro déchets d’ici à 2020, de nombreuses initiatives créent de l’emploi lié au recyclage et au compostage des déchets.
Cela dit, l’été 67 paraît un peu loin lorsque l’on constate la flambée des prix de l’immobilier ces dernières années. La gentrification, comme celle du quartier hispanique de « Mission », n’est pas toujours vécue de façon « Peace & Love », un modèle social surtout décliné commercialement… Cependant, si les touristes évitent parfois « Tenderloin » la nuit, San Francisco n’en est pas moins une ville sûre et accueillante, et devrait l’être encore davantage cette année.
Le Summer Of love à Paris
Vous n’avez pas prévu d’aller à San Francisco cet été mais vous souhaitez tout de même voir expo sur le Summer of love ? Visitez “Summer Of Love, 50 ans” qui se tient au Hang’art(Paris XIX) jusqu’au 13 août prochain.
Découvrez cet univers aux couleurs vives, teinté de surréalisme et de spiritualité. Une cinquantaine d’affiches et estampes originales des années 1960 à nos jours y sont exposées dans l’ensemble des salles du lieu.
« Durant « l’été de l’amour » 1967, les « enfants fleurs » ramenèrent chez eux un nouveau mode de vie basé sur la contre-culture et une utopie possible : humanisme, bienveillance, autonomie et protection de la biodiversité ».
Lors du vernissage (18 juillet), le public a pu profiter de la visite commentée des affiches avec Jaïs Frédéric Elalouf, le commissaire de l’expo. Cette déambulation agrémentée d’anecdotes historiques permet notamment d’appréhender le mouvement, d’en découvrir ses références et ses origines, ainsi que son héritage.
Les visiteurs on également pu explorer une affiche psychédélique en réalité augmentée par le biais d’une application ludique pour smartphone. L’infatigable Lionel Foxx a présenté son film sur la contre-culture, cette oeuvre psyché retrace son incroyable parcours fait de rencontres souvent stupéfiantes… Le public a ensuite pu assister à une démo du logiciel Remix Video, façon « Modern Light Show » !
L’expo est en place jusqu’au 13 août, et si sujet vous passionne sachez que Jaïs Frédéric Elalouf souhaite créer le premier musée du psychédélisme. Le projet de The Psychedelic Museum est d’accueillir une galerie, une bibliothèque ainsi qu’une salle de spectacle et des ateliers. Jaïs nous en a d’ailleurs longuement parlé lors d’un entretien à paraître très prochainement. En attendant la rentrée, découvrez : Pychedelic.fr