Votre horoscope tribal du 15 au 22 janvier

Temps de lecture : 12 minutes

Cette semaine sous les auspices : de la musique moderne, des arbres, des veaux, des hommes, des rêves et des baskets. Sur l’air de « In the Dark », par Owlle, repéré grâce à Brain.



 

Le signe de la semaine : Musicien

Belle journée pour un musicien : le site Open Culture vient d’exhumer Notations, un livre de 1969 imaginé par John Cage, dans lequel il rassemblait des pages de partitions étonnantes et belles, dans leur notation même.
 

Notations John Cage Kasemets
Une page de partition de Udo Kasemets dans le Notations de John Cage

 
Comment écrire sa musique, lorsqu’on est artiste ?

Manifestement aussi en sortant du cadre, en s’autorisant à inventer des manières inédites de marquer telle ou telle intention ou vision.
 

Notations John Cage Schneemann
Une page de Bart Schneemann dans le Notations de John Cage

 
À noter que le projet « Notations » n’est pas abandonné. Il a été remis au jour en 2009 par la musicologue Theresa Sauer et le designer Mike Perry, sous le titre Notations 21, une œuvre qui vise à prolonger le travail d’archive et de réflexion entamée il y a bientôt un demi-siècle par le musicien américain.

 


 

Cliquez ici pour télécharger Notations.

Via Open Culture.

Champignon

C’est en utilisant une toute nouvelle méthode d’analyse ADN que les chercheurs du centre de recherche environnementale allemand Helmholtz ont pu découvrir qu’un arbre mort est bien plus envahi de champignons qu’on le pensait auparavant : environ 12 fois plus, tous d’espèces variant selon le type d’arbre lui-même.

C’est important scientifiquement, car les champignons sont les seuls organismes capables de s’attaquer aux polymères du bois, et même de les détruire, pour les ramener au sol et leur permettre de préparer les futures générations d’arbres bien vivants.

C’est important aussi poétiquement, de savoir que, même mort, un arbre est vivant, ou du moins plein de vie. Une preuve de plus que n’est pas mort ce qui à jamais dort.

Science arbres morts champignons
L’expérience en question © Witoon Purahong / Helmoholtz Research Center

Via Science Daily.

Veau

C’est bien connu : les femelles ne servent à rien, surtout en élevage, où elles ont beaucoup moins de bons muscles à manger que les mâles, surtout si on a pris la peine de castrer ces derniers auparavant. C’est ainsi du moins que la généticienne australienne Alison van Eenennaam voit les choses.

Elle s’est donc donné un objectif : que sa vision de l’élevage industriel rendu plus performant par le clonage et les mutations génétiques voit enfin le jour. Grâce à la méthode CRISPR, via laquelle il est possible —en simplifiant largement— de découper les chromosomes comme il nous plaît pour obtenir les résultats que l’on veut, elle s’estime sur le point de parvenir à élaborer des taureaux ne pouvant engendrer que des mâles.

Ainsi, il ne serait donc plus nécessaire d’avoir recours, pour le même résultat, à l’insémination artificielle —laquelle permet déjà de choisir le sexe du rejeton, mais par des manipulations coûteuses et complexes.

Pour l’instant aux États-Unis, les modifications génétiques obtenues à l’aide de CRISPR sont encore largement encadrées, avec autant de soin que tout nouveau médicament, et cela depuis une des dernières décisions de l’Administration Obama, prise en janvier 2017. Madame van Eenennaam avait déjà, à l’époque, protesté contre cette décision qui, selon elle, « impose un ensemble colossal de régulations à la modification génétique d’animaux », dans la courrier de près de dix pages qu’elle a fait parvenir à la Food and Drug Administration (FDA), l’autorité en charge des autorisations médicamenteuses.

Mort aux vaches !

Via Technology Review.

Beautiful People

La lumière est à double-sens et, on a beau aimer l’avoir sur soi, tout dépend des photons qu’elle vous balance à la gueule. C’est quelque chose dans ce goût-là qu’ont dû se dire les hommes invités des derniers Golden Globe Awards. La cérémonie était bien entendu marquée par le scandale #MeToo et, comme l’a relevé le présentateur Seth Meyers, « l’éléphant qui n’est pas dans la pièce, Harvey Weinstein. »

Les piques, les protestations et les mots de solidarité envers les victimes du harcèlement sexuel, manifestement instauré en système à Hollywood, n’ont pas manqué tout au long de la soirée. Mais la palme revient sans conteste à Natalie Portman. Alors que le réalisateur Ron Howard, à son côté, annonce que tous deux s’apprêtent à remettre le prix du meilleur réalisateur, la star précise « Et voici la liste des nominés, uniquement des hommes » (« and here are the all-men nominees », dans sa version originale, plus punchy, NdR).

L’instant est déjà beau mais, ce qui lui donne tout son prix, c’est que le reste de la cérémonie se déroule normalement. Place donc aux gros plans sur les visages des nominés —et pas du menu fretin. Dans l’ordre : Guillermo del Toro, Martin McDonagh, Christopher Nolan, Ridley Scott et Steven Spielberg. Le pur moment de télé qui en surgit est magnifique. Chacun de ces génies, condamné au silence pendant ce bref instant, et donc à sa propre intériorité, tente d’exprimer une réaction silencieuse à cette injustice. On n’a pas l’habitude de voir ces gens gênés, et c’est quelque chose de leur personnalité la plus profonde qui surgit ici, capté par les caméras de NBC, et repris par Trevor Noah qui nous fait découvrir cette séquence (à partir de 22 secondes dans la vidéo ci-dessous).

 
Le Golden Globe sera attribué à Guillermo del Toro. Une belle victoire pour le cinéaste mexicain, qui déclarait récemment, au BFI London Film Festival, « Deux choses horribles me sont arrivées durant les années 1990. Mon père a été kidnappé, et j’ai dû travailler pour les frères Weinstein. Je sais ce qui était le pire… Le kidnapping, au moins, avait un sens, car je savais ce qu’ils voulaient ».

Merci pour cette occasion de rappeler que les tarés qui rendent impossible la vie des femmes… Aiment bien aussi rendre impossible celle des hommes : considérer l’autre comme un objet est une activité à temps plein.

Adulte

200 € le mètre carré, c’est le prix de ce « smart home » imaginé par les architectes du collectif Green Sheep.

Entièrement construit en matériaux recyclés ou, quand ce n’est pas possible, « responsables et éthiques », garanti zéro émissions de carbone notamment grâce à sa ventilation, son éclairage et son chauffage naturels et ses panneaux solaires ; tout en bois, lumière et vitres, le Smart Home déjà déployé à Melbourne en Australie, n’est que la dernière production d’un cabinet pour qui l’alliance entre l’éthique et le design semble ne plus avoir de secret.

smart home green sheep melbourne
© Green Sheep Collective
smart home melbourne interior
© Green Sheep Collective

smart home melbourne composite
© Green Sheep Collective

 
Un authentique bout de paradis tombé sur terre pour qui est « responsable », c’est-à-dire, tout simplement, adulte.

Via Inhabitat

Rêveur

Il existe un autre monde. C’est celui qui aurait pu arriver, qui pourrait bien advenir. Un monde dans lequel seraient épanouis les citoyens de l’hémisphère occidental. Dans ce monde, ses habitants se lèveraient chaque matin, heureux d’être dans une région en paix, et auraient l’âme tournée vers l’avenir, un futur écolo, tolérant, simple, confortable, solidaire et, finalement, heureux.

Dans ce monde, on porterait sans rougir la nouvelle basket conçue par Pharell Wiliams pour Adidas, colorée et futuriste.

basket pharell adidas couleurs
© Adidas

 
Malheureusement, dans notre monde, porter la Hu NMD demande d’être bâtie ou bâtie d’une joie et d’un optimisme à toute épreuve. Et ici, c’est un combat. Qui relèvera le défi ?

Via Hypebeast.

En résumé, une bien belle semaine s’annonce donc pour les Musiciens, les Champignons et les Adultes. Plus nuageuse pour les Hommes —mais comme il s’en sont enfilé environ 208 000 (52 semaines x 4 000 ans) sans discontinuer, gageons qu’ils y lui survivront. En revanche, pour les Taureaux, c’est tout nul. Mais leur révolte pourrait être imminente. Bonne semaine tout le monde !