Comment se sustenter après un cataclysme ? Ceux qui s’y voient déjà se sont donnés rendez-vous au salon Survival Expo, à Paris, où tout est prévu pour survivre au pire et subsister en totale autonomie. Tour d’horizons de la gastronomie survivaliste.
Comme un astronaute
Dans votre bunker de jardin, vous aurez pris soin de faire des provisions pour tenir l’éternité. Et c’est long l’éternité, alors mieux vaut être prévoyant. La société Katadyn vous propose un « pack famille » incluant trois mois de réserves, soit 89 boites de nourriture en poudre ou en morceaux pouvant se conserver jusqu’en 2042, pour la modique somme de 2,974 euros. À ce prix là, le choix est varié : œufs hachés cuits, couscous poulet, œufs brouillés, pâtes au saumon… En solo, choisissez le « pack 1 an » : deux tonnes d’aliments lyophilisés conditionnés sous vide en boîtes de 3 litres (3,490 euros). Effectivement, pour survivre, mieux vaut être riche.
Ces repas longue conservation peuvent être stockés pendant 25 ans. Comment diable est-ce possible ? Comme pour partir dans l’espace, un aliment lyophilisé a été congelé à très basse température, puis asséché (sublimation), mis sous-vide et emballé dans des conserves étanches d’où l’on a remplacé l’oxygène par de l’azote. L’avantage étant de garder toutes les propriétés nutritionnelles, alors que les aliments déshydratés, eux, perdent leurs vitamines.
Poulet fajita ou macaroni & cheese
« Il y a quelques années, un navigateur qui partait deux mois en mer pour le Vendée Globe tournait sur trois recettes », raconte Clara Colman, femme de marin, au corner Lyophilise & Co. Sa société est partie chercher dans toute l’Europe les meilleures spécialités culinaires en sachet. Poulet fajita, macaroni & cheese, chili con carne… une large palettes de goûts s’offre aux aventuriers (entre 5 et 12 euros). Et pour les petites fringales, on n’oubliera pas de mettre dans son panier, les « emergency food ration » – ration de secours -, des barres énergétiques censées apporter « les nutriments nécessaires pour maintenir les fonctions essentielles du corp humain ».
La cerise sur le gâteau : Pas de feu ? On utilise un système de réchauffage autonome. Le principe : une poche plastique réutilisable contenant un petit sachet de chaux et d’aluminium. On y ajoute le pack de nourriture sous vide et un peu d’eau, la réaction chimique va faire monter le tout à 100°c en 30 secondes. Le plat est chaud en 10 minutes. Pratique.
Cuisiner le soleil
Devant le stand de Solar Brother, « leader européen de la cuisson solaire », Gilles Gallo, fondateur de l’entreprise a le sourire. Sous un soleil de plomb, il fait la démonstration de son four solaire dernier cri : « Pas de feu, pas de flammes pas de fumée, donc aucune restriction », il peut s’utiliser partout, sur la plage, en forêt, à la montagne. « Ils ont de la chance qu’il fasse beau, sinon ça n’aurait pas marché. », souffle un badaud. Constitué d’un étroit cylindre réfléchissant et de larges miroirs sur les côtés, le four laisse échapper une bonne odeur de gâteau. « Quand il ne fait pas beau, ça ne marche pas, non. Vous n’avez qu’à manger des sushis ! », tacle Gilles, badin. « Et s’il y a des nuages, il faudra rajouter un quart d’heure de cuisson. »
La cuisson solaire utilise le principe de la concentration des rayons du soleil. Un système enfantin que l’on a tous expérimenté, enfant, avec une loupe : les miroirs reflètent la chaleur directement sur le plat. Un mètre carré reçoit en moyenne 1kW par temps ensoleillé : « Sur ce modèle, la montée de chaleur se fait en 10-15 minutes, comme un four électrique ». Grillades, plats mijotés ou à la vapeur, on peut presque tout cuisiner au solaire, en ajoutant environ 15 minutes de cuisson par rapport au gaz ou à l’électrique. La société fournit déjà des refuges de hautes montagnes et des expéditions en Antarctique.
Do It Yourself
Carrément sympa, Solar Brother a mis généreusement tous les plans de construction de ses ustensiles en open source. Un mètre carré de miroir (vendu environ 30 euros) suffit pour fabriquer un four. « Mais ça marche aussi avec de l’alu. », précise Gilles, « On peut faire l’expérience en totale autonomie et gratuitement ». Comptez deux heures de bricolage pour le modèle basique et jusqu’à cinq ou six heures pour les gros modèles.
La cerise sur le gâteau : Qui dit solaire, dit extérieur, mais on peut aussi utiliser le four à travers une vitre. La durée de cuisson sera un peu plus longue avec une perte de chaleur de 10 à 20%.
Toute leur collection de fours solaires se trouve ici et de barbecues solaires sur ce lien ci.
Manger la nature
En option vegan, on apprend à connaître les plantes, herbes et autres racines qui pourraient venir remplir la gamelle. « Tout est là, sous nos yeux, il n’y a qu’à se baisser pour manger. », affirme Nathalie Stotzer, spécialiste des plantes sauvages comestibles, qui anime des séminaires de survie en forêt.
Car pour ne pas finir comme Christopher McCandless dans Into the Wild (spoil : mal), mieux vaut s’y connaître un peu avant d’avaler en quatre-heures ces jolies petites fleurs ramassées dans les prés. « Toutes les fleurs ne sont pas comestibles », explique-t-elle, « et il ne faut pas récolter n’importe où ». Pollution, pesticides, parasites d’animaux : il existe finalement peu d’endroits préservés.
C’est pourquoi on évite les bords des champs, les chemins trop passants ou encore les bois, plutôt pauvres en variétés, pour privilégier les bordures de ruisseau, les bocages, les haies, les débuts de prairies ou encore les bords de routes, un des meilleurs endroits selon Nathalie, « enfin pas trop près non plus ». Attention aussi aux espèces protégées : « On pourrait manger toutes les orchidées sauvages, qui ont des bulbes remplis d’amidon plein de ressources, mais on évite. En général, mieux vaut ramasser les fleurs ou les feuilles, qui repoussent, plutôt que les racines. »
Mille saveurs
Et à la croire, on peut vraiment se concocter un festin 100% green, avec selon les saisons, pissenlits, feuilles de coquelicots ou de tilleul, « ail des ours » (au printemps), racines de carottes sauvages (sucrées) ou de raiponce (un genre de pomme de terre). « On fait beaucoup de soupes et de bouillons », détaille la Suissesse, « c’est comme ça qu’on extrait le mieux les nutriments et c’est ce qu’il y a de plus pratique à faire sur un feu en forêt. » En omelette ou en pesto, en tartinade sur du pain, les plantes sauvages révèlent milles saveurs. Sans compter les fleurs – à déguster en rouleaux de printemps (reine marguerite, sainfoin, sauge.)
La cerise sur le gâteau : « La meilleure plante sauvage, c’est le salsifis. On ramasse les boutons avant l’ouverture de la fleur et on les fait revenir cinq minutes dans un wok avec juste un peu d’huile d’olive et de la fleur de sel. C’est tellement bon ! »
Et aussi : des insectes comestibles (on vous en avait déjà parlé ici), ou encore des sachets, tout prêts cette fois, et gastronomiques s’il vous plaît, qui se conservent trois ans (chez LeBonBag.com).
Toutes les infos sur le salon du survivalisme sont au bout de ce lien. Postap Mag en avait déjà parlé ici.