Ministère de l’écologie. Questions des journalistes après la conférence de presse du ministre sur le projet « Aquawork pour tous ».
« Monsieur le Ministre, est-ce qu’on peut baisser la clim’ ?
– Alors non, malheureusement. Comme vous le savez j’ai fait déplacer le ministère 45 mètres sous terre, afin que nous puissions travailler même en cas de vague de chaleur comme celle que nous connaissons depuis le 10 février. Si vous avez froid, c’est la seule fraîcheur du sous-sol. Ce qu’il faudrait, en réalité, c’est mettre le chauffage…
– Monsieur le Ministre, une question simple : comment allez-vous ?
– Merci pour cette question. Écoutez, c’est dur, mais on tient le coup. Les rumeurs sur mon départ prochain sont infondées. C’est vous qui racontez n’importe quoi. Il ne faut pas faire confiance aux journalistes, qui sont des rats, des chiens et des ordures.
Rires des attachés de presse qui tweetent les meilleurs passages de la déclaration du ministre.
– Monsieur le Ministre, comment vont les abeilles ?
– Lola et Clara se portent bien, merci pour elles. Nous tâchons actuellement de féconder Lola, afin de relancer l’industrie de la pollinisation, en fort déclin comme vous le savez. Remplacer les abeilles, et faire faire leur travail par nos vieux reste une bonne idée, et j’y crois, mais évidemment, par temps de canicule, cela reste compliqué. Hélas, Lola ne semble pas intéressée par la sexualité, un peu comme les pandas. Mais nous avons mis nos meilleurs stagiaires sur le coup.
– Monsieur le Ministre, pourquoi, au lieu de brumiser les salariés sur leurs postes de travail, ne pas simplement leur autoriser à prendre des congés exceptionnels qui…
– Ah, Arno de PostAp. Je vous reconnais bien là. Écoutez, nous en avons parlé déjà, les congés c’est fini, terminé, brouzouf, niet. En revanche, on réfléchit à intégrer de la caféine dans l’eau brumisée, ce qui permettrait d’augmenter la productivité sans enfreindre la convention de Genève, contrairement à la première solution envisagée par la présidente de la République, l’intelligence artificielle Barbara 6.8, qui préconisait de sectionner la substance blanche du lobe frontal, ce qui, comme nous nous en sommes rendus compte à temps, est la définition de lobotomie. Mais puisque nous parlons de lobotomie, un sujet qui me tient à cœur comme vous le savez… »
Arno, le stagiaire de PostAp, s’éveille en sursaut. Après s’être vigoureusement frotté les yeux, il se lève et trébuche, avant de se diriger vers la salle de rédaction, au centre de contrôle du bunker. À peine fait-il un pas dans la pièce que, totalement excité et toujours en pyjama, il s’écrie « Ça y est ! Je sais comment on va pouvoir bosser dans de meilleures conditions : il suffit de faire une dérivation depuis l’entrée des eaux de pluie, afin d’alimenter des brumisateurs que l’on peut positionner aux plafonds du bunker ! C’est plutôt cool, non ? »
Marjorie manque d’avaler son café de travers. Alors qu’elle réajuste son écharpe au-dessus de son pull, elle répond, « M’enfin, Arno, il fait 14 degrés dans la quasi-totalité du bunker, grand maxi 18 en cuisine, et encore quand il y a du monde. Tu n’aurais pas encore cauchemardé après avoir mangé un yaourt périmé par hasard ? Ou alors ce sont les mantes de l’apéro d’hier ? »
Julien relève la tête de son planning, « ah, on avait dit que l’on gardait les yaourts périmés pour le chat, et tant que l’on parle de bouffe, il y a des œufs à terminer ».
Un silence de mort interrompt la conférence de rédaction. C’est le moment que choisit Cyprien pour appuyer sur « Play ».
« Certain lights, certain nights, It is all ok… » Modern World titre éponyme du deuxième album de Max Jury s’élève avec douceur dans la pièce. Si les arrangements collent bien à notre époque, la production semble avoir digéré plusieurs décennies musicales, des années 1960 à aujourd’hui, procurant l’impression d’avoir déjà entendu le morceau, ou qu’on l’entendra encore dans quelques années. Une griffe atypique que l’on va évidemment suivre.
Mais cette nouvelle sélection musicale comporte bien d’autres merveilles, comme le nouvel album instrumental de Georgia Anne Muldrow, celui de la chanteuse Soul Tanika Charles, mais aussi le très beau remix de S36 pour le EP d’Emeline XIII, les nappes épurées de Noxin, la voix majestueuse de Michelle Gurevich, autre groupe à retenir Samana : leur nouvel album, un peu floydien dans les harmonies, aurait également pu être le disque du moment.
Dégustez donc notre playlist en compagnie de notre best-of de l’été !
– En septembre, Commander X nous expliquait les Anonymous et l’Afghanistan nous contait son histoire par l’entremise de ses tapis.
– En octobre, Stéphane François nous expliquait revenait sur l’irrationnel dans nos sociétés et le Musée d’art et d’histoire du Judaïsme nous faisait redécouvrir Freud par le biais de l’art.
– En novembre, Stéphanie Estournet et Quentin Périnel nous parlaient, respectivement, de podcasts érotiques et de vie de bureau.
– En décembre, les têtes étaient secouées autant par Claude Vivier que par Mental FM.
– En janvier, nous disséquions les rêves et la moralité humaine.
– En février, nous nous penchions sur le jour d’avant les catastrophes et nos partenaires du Food 2.0. Lab nous narraient la longue quête de l’œuf parfait.
– En mars, nous vous parlions Jeu vidéo et Effondrement en vidéo, mais aussi Animaux et indépendance en radio.
– En avril, c’est l’érotisme photographique et le remariage théâtral qui étaient à l’honneur.
– En mai, nous pique-niquions au salon du survivalisme et visitions la mythique île de Tromelin.
– Et en juin, Nathaniel Rich nous expliquait comment l’humanité a perdu la Terre, tandis qu’Olivier Blond nous donnait ses solutions pour lui survivre.
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PostAp vous souhaite un bon été… Et vous recommande de surtout bien vous hydrater.